Opéra de Nice : Del
Monaco épinglé par deux audits
( voir premier épisode
dans Adrénaline numéro 10)
En juin 1998, Jacques Peyrat licencie 14 musiciens à l'Orchestre
de Nice. Le Syndicat départemental des Artistes Musiciens CGT obtient
alors du Ministère de la Culture qu'il diligente une inspection
à l'Opéra. Menacé d'une perte de subvention, Jacques
Peyrat accepte la tenue de cet audit. Quelques mois plus tard, les brûlots
allumés dans les médias par le syndicat des musiciens commencent
à titiller l'inspection générale des services de la
Ville. Son patron, Lucien Pampaloni, lance à son tour une inspection,
bientôt suivi par la Chambre Régionale des Comptes.
Alors que le Ministère de la Culture relève une
totale absence de projet artistique de la part de Del Monaco et dénonce
le chèque en blanc délivré à celui-ci par la
Mairie, le rapport interne de la Ville se montre redoutablement plus précis
quant aux dérives de la gestion Del Monaco. On y apprend ainsi :
-
que les procédures règlementaires de passation des
marchés ne seraient pas respectées;
-
que Del Monaco et son décorateur fétiche Mike Scott
auraient fait passer une reprise de l'opéra "La Fille du Régiment"
pour une nouvelle production, empochant ainsi des cachets de 200 000,00
FF et 250 000,00 FF;
-
que Peyrat a généreusement réduit les obligations
de présence initiales de Del Monaco pour la réalisation de
la mise-en-scène de la "Fille du Régiment" via un avenant
à son contrat, sans la moindre réduction de salaire;
-
que des artistes lyriques auraient été contraints,
pour être engagés, d'abandonner leur agent français
pour signer via des agents étrangers choisis par Del Monaco. Qu'en
outre, les comptes ne font alors souvent mention que de la somme globale
versée sans préciser la commission revenant à l'agent,
ce qui conduit à une opacité répréhensible,
et amène la Ville à payer des cotisations sur des sommes
qui n'y sont pas assujetties, ce qui est un manque à gagner pour
le contribuable;
-
que Del Monaco aurait, dans le cadre des marchés passés
par l'opéra, favorisé des parents proches (location du spectacle
de "Faslstaff" au festival de Las Palmas, recours fréquent à
l'agence artistique Leosse-Rubio, engagement d'artistes apparentés);
-
que Del Monaco aurait abusé du cumul d'emploi en travaillant
à des mises-en-scène dans d'autres théâtres,
tout en percevant à Nice un salaire de 800 000 FF par an pour une
présence effective très éloignée d'un temps
plein;
-
qu'il a été fait appel à des personnels surnuméraires
doublonnant les emplois existants (perruquiers, chef dechœur), pour des
rémunérations dont les montants semblent parfois difficiles
à justifier.
Le rapport Pampaloni confirme ainsi, en les renforçant, les
mises-en-garde délivrées dès le début de 1998
par les représentants de l'orchestre. Le soutien sans faille apporté
à Del Monaco par André Chauvet (délégué
à la musique) et Jacques Peyrat, malgré le constat précoce
de ces graves dérives, engage leur responsabilité personnelle.
Aujourd'hui, les conséquences n'en sont pas seulement financières.
Livré depuis deux ans à la baguette de Marcello Panni, ami
personnel de Del Monaco, l'Orchestre Philharmonique de Nice, en perdant
peu à peu les qualités lentement acquises sous les directions
musicales précédentes, voit s'éloigner de plus en
plus sûrement la perspective autrefois réaliste du label National.
Benoît Machuel
benoit.machuel@wanadoo.fr
Malgré tout cela, le maire a annoncé lors du conseil
municipal du 17 décembre que faute de temps pour trouver un nouveau
directeur et pour ne pas gêner la programmation de l'année
, il reconduisait Gian Carlo Del Monaco dans ses fonctions.
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