Monsieur
Eric de Montgolfier
Procureur de
la République
T.G.I. de NICE
Place du Palais
06300
NICE
Nice, le 14 juin 2006
Lettre avec AR
Objet : Plainte pour « arrestation arbitraire. »
Monsieur,
J’ai le regret de devoir déposer plainte contre X et le commissaire Morena exécutant, ce jour, pour « arrestation arbitraire ». Il s’agit des conditions dans lesquelles j’ai été conduite au poste de police de force pour un contrôle d’identité le 12 mai 2006.
Le vendredi 12 mai, je me suis rendue avec deux amis près du restaurant « La petite maison », rue Saint François de Paule, où déjeunaient Monsieur Sarkozy et les ministres de l’intérieur des pays de la méditerranée occidentale. Le quartier était bondé de policiers en tenue et en civil, et nous nous tenions bien à l’écart du restaurant.
Le commissaire Morena, dès mon arrivée, est venu me voir : « Bonjour Madame Maffeis, qu’avez-vous l’intention de faire ? »
« Rien », lui répondis-
je, « si ce n’est quelques photos ».
« On vous connaît, on sait que tout se passe bien avec vous, vous
pouvez rester là ». Me répondit-il, ce que je fis sans contester.
Un quart d’heure plus tard, dès que la seule TV présente (TV du Maroc) fut partie, il revient me voir, mais beaucoup moins souriant. L’un de ses compères, un policier en civil en bermuda, m’aborde et me signifie « contrôle d’identité ».
Plutôt abasourdie, je m’empresse de rappeler au Commissaire qu’il vient de m’appeler par mon nom, qu’il me connaît bien et que je trouvais cela grotesque et que, suivant les instructions du préfet parues dans la presse, j’avais mes papiers sur moi et que je voulais bien les lui remettre.
Ils ont alors changé de ton, et demandé à moi et mes amis de les suivre au commissariat. Mes amis les ont suivis mais j’ai refusé d’obtempérer, n’en voyant pas la légalité.
Je fus alors menacée d’être emmenée de force et, constatant mon refus de les suivre, des renforts sont arrivés. Ils ont fini par m’encadrer, m’attraper violemment par les bras (j’en ai conservé les marques assez longtemps), et me conduisirent vers le commissariat de la police municipale dans la mairie de Nice voisine.
C’est sous cette escorte menaçante
que je fus conduite contre mon gré.
Le policier qui m’avait interpellé violemment, après m’avoir appelé la « laitue
verte », a demandé mon nom et fait semblant de le griffonner sur un vieux bout
de papier.
Au moment de partir, nous fûmes empêchés à nouveau au motif qu’il fallait qu’un coup de fil soit passé à Interpol, pour savoir si nous étions fichés. Devant mon impatience, le policier fit semblant de s’excuser : « Désolé, mon téléphone fonctionne mal », me dit-il, « et je n’arrive pas à joindre le poste » (Interpol injoignable alors que les ministres de l’Intérieur étaient là !).
Après un petit moment, on nous autorisa à repartir. Retournée sur les lieux du restaurant, un policier passe discrètement à côté de moi et me dit « Il est parti ».
J’ai demandé aux quelques badauds qui étaient là (le quartier était tellement bouclé que les gens évitaient d’y passer) ce qui s’était passé en mon absence, et l’on ma répondu que Monsieur Sarkozy était sorti et avait serré les mains des rares badauds.
On m’a donc éloignée volontairement pour éviter que je ne rencontre monsieur Sarkozy. C’est donc contre cette arrestation arbitraire, véritable atteinte à la liberté de circuler que j’ai décidé de porter plainte.
Je vous prie de bien vouloir recevoir, Monsieur le Procureur, l’assurance de ma considération distinguée.
Teresa Maffeis http://ademonice.free.fr