Mise a jour : 4 mars 2010
15/01/2010 Chronique d'une occupation

Cela fait des mois et des mois que nous ne cessons d'alerter, dans un silence assourdissant, les pouvoirs publics sur le sort réservé aux 150 demandeurs d'asile sans hébergement à Nice. Nous ne reviendrons pas ici sur les promesses non tenues et sur les espoirs déçus. Nous avons décidé de nous inviter ce jeudi soir à 20h30 à une rencontre dans le froid glacial du parking du Paillon entre les dizaines de personnes qui y dorment et Monsieur le Sous-Préfet FASILLE.
Celui-ci était accompagné de Mme la directrice de la DDASS et des dirigeants du Secours Catholique qui ont reçu, il y a un mois déjà, une subvention de 30000€ destinée à la mise à l'abri de ces réfugiés épuisés.
Le représentant de l'Etat a annoncé en anglais qu'il allait tenter de leur fournir "a room to sleep" et leur a demandé de patienter encore. L'échange fut franc mais courtois et on s'est quitté avec le sentiment que les choses allaient peut-être avancer. Mais, pour l'heure, le Sous-Préfet leur a simplement souhaité bonne année et bonne nuit, les laissant dormir dans ce parking froid et hostile. Ils ont remercié chaleureusement le sous préfet d'être venu les voir, et se sont excusés de n'avoir rien à lui offrir à boire.
Nos amis Erythréens, Soudanais, Somaliens qui ont fui la mort et la guerre allaient retourner à leurs duvets humides.Un monsieur Soudanais malade, arrivé du Darfour, très dignement nous a exprimé sa détresse : « dans mon pays il y a plein d’organisations humanitaires françaises pour nous aider et quand nous arrivons ici il n’y a plus personne pour nous aider ».
Samedi avons décidé de demander l'hospitalité au PECOS (Pôle ECOnomie Solidaire) qui dispose actuellement des locaux du Théâtre Le Village, 51 rue Clément Roassal.Des dizaines de réfugiés de la corne de l'Afrique et du Caucase dorment sous un toit pour la première fois depuis de longs mois.
Nous avons lancé un appel pour que, dès ce soir, ceux et celles qui le peuvent leur amènent de quoi subsisterÉcrivez au prefet et à M Fassile pour demander le relogement courrier@alpes-maritimes.pref.gouv.fr ; pftcabinet@alpes-aritimes.pref.gouv.fr ; webmaster@alpes-maritimes.pref.gouv.fr ; francis.lamy@alpes-maritimes.pref.gouv.fr ; christophe.fasille@alpes-maritimes.pref.gouv.fr tel : 04 93 72 20 00 / 04 93 72 22 01    / 04 93 72 22 02  / 04 93 72 24 01 fax : 04 93 72 22 99   /   04 93 72 24 53  / 04 93 71 89 20  /   
Dimanche la première journée vient de s'achever.Couvertures, nourriture, médicaments, vêtements chauds sont au rendez-vous de nos appels. Beaucoup de visites aujourd'hui et, au moment du dîner, celle de Louis SANKALE, évêque catholique de Nice. Il est resté longuement et a dialogué avec les réfugiés.
Une première prise de parole demain à 18h30 sur RCF (FM 96.8), peut-être un communiqué plus largement diffusé et la possibilité d'une prise de contact avec la congrégation propriétaire de murs inoccupés, voilà ce qui ressort de cette rencontre placée sous le signe de l'écoute.

Lundi 11 : à la première heure, on appelle le sous-préfet pour savoir où en sont les services de l'Etat dans leur recherche d'une "room to sleep pour chacun - pas de nouvelles. Un médecin bénévole ausculte les malades.

Mardi 12 : le couple Tchétchène dont l'épouse souffrait dune grave maladie est relogée dans un studio pour un mois par le secours Catholique. Nous avons prêté notre appareil photo et Adam nous offre cette photo d'une nuit paisible sous la couette (merci de ne pas reproduire sans autorisation).

Mercredi 13 : Nice-Matin a fait un premier écho, sans être sollicité pour cela, à ce que nous vivons au 51, rue Clément ROASSAL.
On y apprend que le Sous-Préfet devrait fournir des solutions ce jeudi, que des associations y travaillent aussi, qu'une trentaine de chambres seraient d'ores et déjà disponibles, du fait des recherches difficiles en ces temps pré-carnavaliers, de nos collègues du Secours Catholique. Que des bonnes nouvelles, quoi !
On y découvre même que nos amis préféreraient dormir en meute. On ne sait pas d'où provient ce déterminisme de la literie. En tout cas, pas des intéressés qui se moquent éperdument d'être dispersés. Au fond, il y aurait ceux et celles qui aspirent à des solutions individuelles et les autres incapables de se défaire des réflexes grégaires. Dingue, non? Un nouveau venu, malade lui aussi, est arrivé de l' hôpital de Tende après deux mois de séjour.Il est très faible et fait l'objet d'une orientation vers un centre d'accueil spécialisé.En attendant, il dort là. De nombreux appels pour solliciter un hébergement parviennent au PECOS.

Jeudi 14 janvier : Visite de travail ce matin de Bruno DUBOULOZ venu rencontrer pour ISN (Inter Secours Nice, qui regroupe toutes les associations oeuvrant dans le social à Nice) les porte-parole des habitants du PECOS. On lui fait confiance pour tenter d'éclairer les associations niçoises sur ce que subissent nos amis fatigués et déçus.
Il est minuit et nous attendons toujours les propositions d'hébergement promises, selon Nice Matin, par les services de l' Etat pour ce jeudi. On verra demain ce qu'il en est. Il y a des patiences qui trouvent leurs limites...

Vendredi 15 janvier : La lecture de Nice Matin nous a mis en joie. Le journal officiel de la Côte d'Azur fait, pour la deuxième fois, l'économie de nous contacter, répète les lieux communs de sa dernière livraison sur le même sujet, et annonce presque triomphalement des solutions. La petite maison dans la prairie, quoi !
2 personnes ont appelé le sous-préfet Fasille ce soir à 18h, conversation qui a duré 30 min.
Nous lui avons demandé, en tant que citoyens français, où en était l'action de l'État concernant l'hébergement de la quarantaine de réfugiés du PECOS. Voici un résumé de ce qu'il nous a dit :
- Il travaille conjointement avec le Secours Catholique, ALC et API Provence, il "met le paquet sur sa préoccupation n°1" et a même alloué "un budget supplémentaire et un comité de suivi" à celle-ci.

- Les réfugiés du PECOS sont "les victimes collatérales d'un engorgement dû à l'avalanche des demandeurs d'asile" qui "sortent comme des lapins d'un chapeau" (accroissement cette année de 30% des primo-arrivants).
- Il refuse d'en arriver à la solution des réquisitions de logements car "ce n'est pas nécessaire".
- Son objectif est que les réfugiés du PECOS soient tous logés d'ici à jeudi prochain (le 21/01), dans des foyers ou des chambres d'hôtel. Il préviendra Teresa ou Bernard quand cela sera possible et également les réfugiés eux-mêmes en leur indiquant leur nouveau lieu de résidence. Il a répété, inlassablement, qu'il ne fallait pas qu'ils s'attendent à être forcément logés à Nice même mais dans la région. Ceux qui sont malades seront prioritaires sur les quotas de chambres à la DDASS.
Il a également insisté sur le fait qu'il faisait son possible pour atteindre cet objectif mais qu'il fallait préciser aux réfugiés que ce n'était qu'un objectif.
- Il nous a demandé combien étaient malades et de quoi ils souffraient !! A nous donc, simples citoyens, d'informer le préfet de la situation sanitaire de ces personnes ?! Nous avons mis en exergue leur dénutrition et leur faiblesse.
- Il déplore le fait que les réfugiés "ne parlent pas français et se replient sur eux-mêmes".


Ils ne demandent que cela mais en ont-ils le loisir dans les conditions dans lesquels ils vivent

La préfecture a reçu de nombreux messages de citoyen et citoyennes solidaires.
Nous apprenons chaque jour les décisions et propositions de Monsieur le sous préfet C. Fasille via Nice-matin. Dernier article en date de ce jour .

Samedi 16 : Une semaine qu'on est là ! La fraternité a encore gagné du terrain du côté de la rue Clément ROASSAL (au fait, c'est qui, Clément ROASSAL?). Ben oui, forcément, on a progressé dans la connaissance des uns et des autres. Le quotidien se charge de confidences. Et on sent bien que ce que nous vivons là aurait manqué.
ADN et Habitat&Citoyenneté ont fait sur place leur permanence logement ce matin.
Emotion avec un vieux monsieur du quartier venu apporter 2 caleçons et des fruits secs . L'appel lancé sur le site du diocèse a porté ses fruits, nous recevons des dons collectés par les prêtres.
L'après-midi a été marquée par les visites de nos amis du MRAP en AG au P.ECO.S. puis par celle de P. MOTTARD (conseiller général de notre canton) et D. BOY-MOTTARD, venus apporter le soutien de leur présence, de leur contribution et de quelques courses bien utiles.
Tous deux, professionnels du droit, ne sont évidemment pas insensibles au sens de notre combat.
Car, au vrai, nous ne sommes pas là pour la seule mise à l'abri des réfugiés mais pour leur accès au droit. C'est ce chemin que nous voulons faire ensemble et la prochaine semaine sera marquée de ce sceau là.
Les solutions bricolées en Préfecture sans les intéressés et sans les opérateurs tels qu'ALC et ACTES gagneront sûrement à être connues...et on se réjouit déjà de savoir tous les demandeurs d'asile sans hébergement à l'hôtel ou en foyers dès jeudi prochain jusqu'à la fin de leur demande d'asile. Vous dirais-je qu'on veut y croire quand même ?
En attendant, ce soir , un ami médecin est venu tout exprès de Cannes pour examiner certains de nos amis. Qu'il en, soit fraternellement remercié ! Teresa, en assistante-infirmière-interprète fut parfaite.
Ce dimanche, journée mondiale des réfugiés et des migrants.
" Par cette journée, l’Église catholique veut rappeler, de par le monde, ses convictions et ses engagements pour que soient respectés et reconnus dans leurs droits et dignité les migrants, les réfugiés, les demandeurs d’asile et tous les hommes et femmes de la migration..." Chiche !
Demain, comme chaque jour, nous serons sur place. Votre visite sera la bienvenue. Bonne nuit à Malik et Mathias, nos gardiens de phare pour cette nuit. Bernard.

Dimanche 17 : 11 h Ricardo embarque les volontaires pour une récupération fruits et légume au marché. La récolte est bonne et des bénévoles et gens de passage aident à l'épluchage . Ce soir Ricardo a décidé de faire un repas avec tous les bénévoles et les résidents: Potée de légume et riz, Angelo fin cuisinier arrive à la rescousse et promet une Spaghettata al pomodoro pour un jour prochain . Deux jeunes Afghans arrivent épuisés et se reposent la journée au PECOS. Le 115 contacté leur accorde un repas et un hébergement mais ils racontent comme tous les autres l'errance dans l'inconnu et le manque de suivi social. Mathieu médecin a remplacé Régis venu hier. Beaucoup de gastros et de rino mais surtout des migraines dues à l'anxiété, des états dépressifs et le médecin devient le confident. Laura a égayé la soirée avec sa guitare et ses belles chansons. La soirée se terminent et Ricardo et Christophe qui font la nuit entament une belote. Un communiqué est proposé dont voici la teneur :
Occupation du PECOS :
UN HEBERGEMENT POUR TOUS LES DEMANDEUR-SE-S D'ASILE !
La 1° semaine d'occupation des locaux du PECOS par 58 demandeurs d'asile sans hébergement vient de s'achever. 8 jours consacrés à la restauration physique et morale de toutes ces personnes. 8 jours pour permettre d'attendre au chaud et dans le calme les solutions réclamées aux services de l'Etat. 8 jours où des dizaines de citoyens, médecins, élus, responsables d'associations, hommes d'Eglise se sont relayés sur place jour et nuit auprès d'eux. 8 jours durant lesquels nos hôtes ont fait le choix de ne pas exposer leur situation au grand public.
En accord avec eux, nous tenons à rappeler qu'il existe actuellement à Nice 150 demandeurs et demandeuses d'asile sans toit. Pourquoi ? Parce que le droit à l'hébergement, prévu pour les personnes en demande d'asile, n'est actuellement accordé qu'aux familles avec enfants. Cette restriction porte en elle une vraie discrimination devant le droit d'asile. Comment, en effet, se préparer aux longues et fastidieuses démarches conduisant à l'octroi du statut de réfugié en dormant dans la rue, dans des voitures, dans des halls d'immeuble ? Les faits et les chiffres sont ce qu'ils sont : tout nous montre qu'une personne hébergée et suivie dans un Centre d'Accueil pour Demandeurs d'Asile a plus de chance d'obtenir ce statut qui lui permettra de reconstruire un avenir en France. L'occupation du PECOS a donc bien deux objectifs d'égale importance :
- la mise à l'abri des personnes exposées au froid de l'hiver
- à partir de ce geste de secours élémentaire : la revendication forte d'un hébergement individuel pour toutes les personnes en demande d'asile.
Cette précision a valeur de mise en garde pour toute approche visant à ne traiter que le sort d'une partie de ces réfugié-e-s. La France ne saurait opérer aucun tri entre eux-elles sur cet enjeu en forme de droit fondamental.

Lundi 18 : Notre ami Gilbert est un jeune médecin hospitalier. Il n'est pas seulement doué pour son art qu'il exerce en hôpital. Ce jeune homme de 31 ans pratique une fraternité endurante auprès des accueillis qui donnent des signes de malaise personnel et de frustration forcément aggravés par l'attente. Ils ont bien sûr du mal à se projeter par exemple dans un hôtel à la fin de la semaine. De cette attente, il faudra sans doute faire quelque chose. Alors, on leur a proposé, "pour se mettre en jambe" de nous accompagner demain au Cercle de Silence.
Jeudi, les premières solutions devraient tomber. Puissent-elles avoir un bon goût de crédibilité et d'engagement de l'Etat dans la durée !
Une nouvelle déception serait dévastatrice. Ils étaient dans la rue, il y a 10 jours. Ils savent que 27 personnes ont déjà été relogées (pour deux mois certes et les fameux 30000€ seront consommés) et ce peut être pour eux un motif d'espoir comme une cause cruelle de frustration si l'attente se fait trop longue.
Comme j'aimerais vous parler de Tina, scrupuleuse infirmière du soir, de Michel, généreux et percutant bougon, de Christophe qui s'adapte avec grâce au bouleversement de ses journées de travail au PECOS, de Melody, rangeuse et polyglotte à la fois, de Stéphane, incroyable d'intelligence et d'ingéniosité et, forcément de tous et toutes qui ont inscrit le PECOS dans l'agenda de leur coeur et de leurs tripes ! Sans oublier Ricardo, le cuisinier volant, ou Alice, jeune étudiante en médecine nous prêtant stéthoscope et tensiomètre que nous ne pouvions obtenir par ailleurs. Quelques-uns parmi les nombreux visages complices de la journée. Christian et Hubert veillent sur la nuit des 58. Bon repos aux 60. Bernard.

Mardi 19 : message en réponse à notre mail de ce matin au sous-préfet Fasille. En voici la teneur.
Bonsoir Monsieur,
j'ai bien pris la mesure de la diversité (pluralité) des situations des demandeurs d'asile dans le département.Pour l'heure, nous nous concentrons avec la DDCS (ex DASS) sur la situation des DA en provenance de l'Est de l'Afrique, car ils n'ont jusqu'à présent pas été considérés comme prioritaires pour entrer dans le parc CADA/DHDA compte tenu de leur statut de célibataire, et certains d'entre-eux sont d'ores-et-déjà reconnus dans leur statut de réfugiés, ce qui conduit à chercher leur proposer des places dans des foyers de jeunes travailleurs plutôt que des chambres.
Je suis néanmoins tout à fait preneur d'un éclairage sur la situation des personnes recueillies et recensées au P.ECO.S. pour continuer à travailler sur des solutions adaptées à chacun et chacune.Cordialement.Christophe FASILLE
Je lui ai répondu qu'on lui donnerait une réponse "éclairée" mercredi en début d'après-midi.
L'attente se fait lourdement sentir dans les yeux et les corps de nos hôtes. Il va falloir distraire leur légitime impatience. Hubert y a pensé. Il a trouvé des cours de récré accueillantes pour des parties de foot. Ce we, si on est encore là, une balade à la montagne serait la bienvenue, non? Peut-être la première fois qu'ils approchent la neige...
Mélody est revenue avec son ardeur à passer l'aspirateur, tout en re-rangeant ce qu'elle avait rangé hier et en traduisant dans toutes les langues (ou presque) ce qui avait besoin de s'échanger. Dans notre entourage, il y en a une qui a ce type d'énergie. Si, vous savez : Teresa. Mais si, vous connaissez ! Non ? Ah , vous n'êtes pas de Nice...
Ce soir, Inge et Andrée ont rempli l'accueil de leur bonne humeur tandis que beaucoup d'entre nous était à la réunion générale de RESF.
Une petite souris, nommée Laura, s'est glissée dans les lieux. Elle joue de la guitare comme personne sur les deux fronts (Caucase et Corne de l'Afrique) puis s'en va vers le tramway déposant au passage un sourire discret dans nos yeux éblouis.
Merci à Hubert qui a si amicalement proposé de me prendre mon tour de garde pour cette nuit. A demain ? Forcément. Bernard.

Mercredi 20 : Une longue partie de la journée s'est déroulée dans l'attente d'un autre signe du sous-préfet ou de qui que ce soit d'autre. Nous lui avons adressé un nouveau mail destiné à rétablir certaines vérités chiffrées, rappelé notre exigence d'un hébergement pour chacun(e) et proposé une rencontre demain pour ... la remise des clés.
Inlassablement, demain, on relancera la préfecture. On ne doute pas que des solutions seront proposées. Nous sommes moins sûrs qu'elles concerneront l'ensemble des plus de 120 personnes privées d'hébergement.
Nos amis africains ont quitté les lieux de 16h à 23h pour laisser place aux cours de théâtre. Une contrainte qui n'est pas si mal venue que ça : ils ont besoin de bouger et cela se comprend aisément.
Le P.ECO.S. est une ruche. Ici un-e militant-e apportant un soutien, là un-e voisin-e venant se renseigner ou encore tous ces usagers de Vie&Partages ou Habitat&Citoyenneté qui s'habituent à venir dans ces locaux où nous avons installé l'accueil des deux assoc. à l'exception de l'Epicerie Solidaire et, forcément, les va et vient de nos hôtes.
Il y eut Claudine et ses gâteaux (aux dattes aujourd'hui) faisant sa visite et sa station quotidienne parmi nous, Carmen discrètement fidèle à ce mouvement solidaire de protection. Et puis Angelo, merveilleux compagnon qui veille sur nos estomacs mais ausi sur certaines situations. Il fallait le voir tout à l'heure recevoir en italien un Monsieur Moldave et tout de suite l'emmener à la permanence du COVIAM. Et Julien proposant des cours de français à quelques uns ou son frère, Mathias, passant la soirée auprès des usagers de la Soupe de Nuit servie par les Restos du Coeur avant de nous rejoindre pour la veille de nuit.
Un merci à la douce Alice, étudiante en médecine, qui ne s'est pas contentée de nous prêter un stétoscope et un tensiomètre difficile à obtenir ailleurs; elle est, elle aussi, de l'équipe de cette 12° nuit.
Un grand mouvement social demain empêchera beaucoup de choses. On aimerait cependant vous annoncer demain soir l'hébergement massif et durable de nos hôtes et leur nouveau départ vers un asile sûr et définitif dans ce pays qu'ils ont choisi. Bien fraternellement à vous. Bernard.

Jeudi 21 : On va faire court.
On vient de prendre connaissance d'un message du Sous-Préfet proposant une rencontre demain matin sur le sujet qui nous occupe. Il sera accompagné des services de la DDCS (ex DDASS) et nous serons là avec quatre demandeurs d'asile. Il était temps mais les services de l'Etat ont tenu au moins leur promesse d'un rendez-vous. L'ambiance est grave parmi les demandeurs d'asile qui sentent arriver aussi l'inconnu.
On retient donc notre souffle.
Il y a d'autant plus urgence qu'une autre nouvelle est tombée ce midi : le P.ECO.S., dont une part de l'activité consiste à sous-louer à des associations les locaux dont il est le locataire en titre, s'est retrouvé en difficultés de trésorerie et se devait de quitter les lieux à la fin du mois de mars. Or, aujourd'hui, pour ne pas aggraver la dette, il a été décidé de rendre les clés dès le 31 janvier : celles du Théâtre et celles des bureaux du 51. Le P.ECO.S. poursuit ses activités au 53 où se trouvent déjà le PILES, l'association ARCADE et, juste à côté Habitat&Citoyenneté ainsi qu'au 38 rue Dabray dont le P.ECO.S. gère l'activité de salle de réunions.
Cela laisse dix jours pour trouver des solutions de relogement des occupants. Convenons qu'il s'agit là d'un stimulant supplémentaire !
Ce WE, Hubert propose d'emmener ceux qui veulent à Gréolières pour se changer les idées. Si, parmi vous, il en est qui ont envie de se joindre à leur équipée avec une voiture, qu'ils et elles le fassent savoir. Merci d'avance.
J'espère ne pas avoir à rédiger une treizième chronique et je vous redis combien le soutien de tous et toutes demeure déterminant pour nos ami-e-s demandeur-se-s d'asile. A demain, donc, sans doute...B.

Vendredi 22 : C'est nouveau pour nous. La médiatisation n'aura pas été de la partie depuis deux semaines. Nos hôtes y tenaient. Je sais pas vous mais, moi, j'aurais bien hurlé devant les caméras. Ben non ! Ils nous disaient qu'il ne fallait pas. Bons petits soldats de la démocratie participative, on acceptait. Bof ! Et je leur ai dit mon "bof" ! Rien n'y a fait.
Vous savez quoi : ils avaient sans doute raison. L'absence de pression a été (cette fois) féconde. On le vérifiera la semaine prochaine, mais il semble que des solutions soient proches. On a rencontré ce matin le Sous-Préfet FASILLE et deux fonctionnaires d'autorité à la DDASS tout au long de cette matinée.
Echanges de listes, surprise du Sous-Préfet de constater qu'aucun de nos hôtes n'a été relogé, travail sur la méthode et, deux heures et demi plus tard, la réunion accouche d'une intention en forme d'engagement : progressivement, les demandeurs d'asile sans hébergement vont accéder à un logis.
C'est une nouvelle porteuse d'un immense soulagement pour nos amis. Ceux-ci, très dignement, ont demandé que les premiers hébergements concernent toutes les nationalités. Dès lundi, une première quinzaine de solutions pourrait émerger et cela devrait continuer à ce rythme jusqu'à la fin du mois. Je rappelle que nous devons quitter les lieux le 31 janvier. Suivra, dans la foulée, la mise à l'abri des autres demandeurs d'asile (hébergés ici ou là de manière très précaire). On demeure attentif au bon déroulement des opérations.
Le WE sera donc plus insouciant. Hubert emmène quelques uns de nos compagnons d'infortune à la neige. Sur place, Teresa joue aux cartes et ne résiste pas à un rock torride. Radija remplit les lieux de son rire libéré. Guy veille derrière le comptoir de l'accueil à ce que la dérision s'invite à nos partages. Christian est là, discrètement vigilant sur le fonds de nos revendications, tout en se mettant au service : ce matin, ni le chauffeur habituel de notre Epicerie Solidaire ni moi (préfecture oblige) ne pouvions conduire jusqu'à la Banque Alimentaire (et retour) la camionnette digne de Louis La Brocante. Qui s'en chargea ? Christian pour qui, on le sait, conduire un véhicule à quatre roues est un supplice. Merci à lui !
Durant les prochains jours, votre soutien demeure nécessaire. Il y a des permanences à tenir en binômes ( 8/13 . 13/18 . 18/23 . la nuit).
On accompagne jusqu'au bout toutes ces personnes dignes de toit, ok ? C'est un vrai plaisir de vous savoir là autour de droits si fondamentaux.
Dernière ligne droite ! Gaffe à pas foncer dans le décor ! Amicalement - Bernard.


Samedi 23 et dimanche 24 :
Dernière semaine au 51, rue Clément ROASSAL pour les soixante exilés du Soudan, du Tchad, de Somalie, d'Erythrée, de Tchétchénie et de Russie. Semaine aussi de tous les dangers.
Si le Préfet et la DDASS ne sont pas en capacité de tenir leurs promesses, on assistera à une colère à la mesure du sage et patient silence observé par ces hommes. Demain, le premier signal sera donné avec les quinze premiers départs vers des hébergements. Confiants et inquiets tout à la fois, nous attendons ce premier geste.
Les visites d'amis se poursuivent. Hier, c'est le conseiller général du canton, Patrick Mottard, qui a fait les courses et espéré, comme nous, ne pas avoir à revenir la semaine prochaine. Inlassables soutien de tous les combats pour la dignité humaine, Annie et Aloys, sont passés tout à l'heure, les bras chargés (vous les connaissez : ils ne savent pas faire autrement). Jolies rencontres avec la merveilleuse Lolita venue mettre ses 17 ans de lycéenne au service de nos permanences et Eve, artiste peintre, gagnée à la cause par l'ami Mathias. Celui-ci partage la veille de nuit avec Luc qui sait si bien être là quand il le faut. Les deux dernières nuits, Gérard, Hélène et Michel étaient de service. Et aujourd'hui, Tina et Manu ont beaucoup porté l'accueil et les soins à chacun.
La santé passe aussi par une alimentation et celle-ci n'est pas toujours équilibrée. Tout apport de protéïnes sera le bienvenu.
Hubert a emmené une douzaine de nos hôtes à la neige pour une première rencontre avec cet élément qui a fabriqué des souvenirs en forme de glissades insouciantes et de boules de neige amicales.
Voyez comme ce collectif d'accueil, inexistant il y a deux semaines, fait des merveilles !
Les ami-e-s, il nous faut poursuivre tout ceci jusqu'à dimanche prochain. Nous manquons de nourriture et de volontaires pour les permanences de jour et de nuit.
Et après, rien n'est fini : dès la semaine d'après, il nous faudra reprendre la lutte (c'en est une) pour l'hébergement des dizaines d'autre personnes encore en rade dans des solutions de fortune. Des engagements ont été pris et on veut y croire. Mais on ne sait jamais. Qu'on ne s'y trompe pas, l'hébergement des demandeurs d'asile sans enfant est aussi attendu ailleurs comme un droit qui s'appliquera sur tout le territoire national.

Lundi 25 : A 17h, ce soir, nous n'avions toujours pas de nouvelles des services de l'Etat. Il nous a fallu appeler le sous-préfet pour que la DDASS nous rappelle vers 18h. Alors quoi ?
1°/ Le Secours Catholique est en charge, semble-t-il, des opérations de relogement des occupants du 51, rue Clément Roassal. Nous ne le savions pas et nous nous en étonnons sans nous en désoler.
2°/ 17 situations seraient en cours de traitement, en application des engagements de vendredi dernier. On nous dit que 2 personnes hébergées en hôtel pourraient rejoindre Emmaüs et libérer ainsi deux places. Formidable ! Les intéressés seront sûrement, comment dire... intéressés de passer de l'hôtel à la communauté de travail. Nous voilà donc à la tête de deux chambres d'hôtel potentielles. On fait quoi ? Une loterie ? Et pour les 56 qui restent au 51 rue Roassal ? Et pour les dizaines d'autres demandeurs d'asile sans hébergement ?
3°/ Mauvaise nouvelle : la gestionnaire du Théâtre Le Village a décidé, alors que rien ne l'obligeait à un calendrier si inhumain, de venir récupérer des matériels et à couper les fournitures en électricité jeudi. Autrement dit : jeudi matin, tout le monde doit être parti. Il va de soi que ceci constitue une pression supplémentaire sur une situation particulièrement tendue. Nous ne pouvons bien sûr accepter que la récupération de matériel mette en péril des dizaines de personnes. Nous lui proposerons demain de différer son geste assurément irréfléchi.
4°/ Les demandeurs d'asile hébergés au 51 s'adresseront ce mardi à l'opérateur du relogement des premières 17 personnes promises à une solution. Il leur restera à s'assurer que tous les autres auront été relogés dimanche prochain. Et à nous, qui veillons sur leur droit, d'y apporter notre contribution militante.
5°/ A défaut, vous sentez bien ce qui peut germer dans l'imagination des militant-e-s... Notre passé tient lieu de promesse à de nouveaux actes qui troubleraient (nous ne le souhaitons pas) l'ordre public.
6°/ Et comme nous sommes toujours à la recherche constructive d'une sortie de crise, nous venons de contacter une auberge de jeunesse sans doute inhabitée durant l'hiver (le CLAJ de CIMIEZ que personne n'avait songé à solliciter jusqu'à vendredi dernier) pour savoir ce qui pourrait être fait de ce côté là...
Le rédacteur de la présente chronique trempe à présent sa plume dans le miel en se souvenant des jolies rencontres de la journée (Alice, Prune, François, Claudine, Tina, Manu, Radija, Michel, Teresa, Sylvie, Khava, Kheira, Angelo, Inge, Ricardo, Malik, Barbara, Odile, Paulo, Christophe, Luc, Michel et combien d'autres militants dont la liste n'est pas exhaustive et qui viennent ici chaque jour par dizaines), des beaux soutiens vigilants d'aujourd'hui (Bruno DUBOULOZ et le Sénateur PS Marc DAUNIS) et des demandes insistantes d'interview de deux radios et d'un journal...
Nos amis réfugiés préparent leur imaginaire à un lit entre quatre murs, un écrin pour leurs souvenirs et leurs projets. Qui osera décevoir cette si modeste et si digne attente ?
Bernard - scribe accroupi mais bientôt debout.

Mardi 26 : On espérait et on attend encore des nouvelles positives sur le front du relogement de nos hôtes. La journée n'a rien apporté de neuf.
On le savait déjà : deux places sont proposées par la communauté Emmaüs à des demandeurs d'asile sous EURODAC (c'est à dire : susceptibles de réadmission dans un pays de l'Union Européenne où ils ont déjà déposé leurs empreintes). Deux autres concernent des réfugiés statutaires ou des demandeurs d'asile bénéficiant de l'Allocation Temporaire d'Attente de 320€ par mois qui sont invités à rejoindre un lieu de vie animé à Sospel par l'association MIR.
Le Secours Catholique a exprimé à certains des accueillis au PECOS qu'il n'était nullement en charge de leur relogement alors même que la DDASS les avait orientés à tort vers lui. Allez comprendre...Du reste, il n'y avait aucune raison de faire peser sur cette association la responsabilité d'une si vaste opération. Merci à elle pour ce qu'elle a fait jusque ici.
C'est désormais la DDASS qui est à la manoeuvre et elle nous l'a fait savoir. On aurait été rassuré par des promesses tenues en ce qui concerne le calendrier des opérations qui doivent s'achever le 31 janvier pour les seuls occupants du PECOS. 4 solutions en deux jours alors qu'il reste plus de 50 personnes à reloger dans les trois prochains jours et des dizaines d'autres très vite, voilà qui donne matière à doute.
Restent l'espoir et l'engagement de l'Etat. L'un dans l'autre. Le 31 janvier, donc !
Le théâtre, finalement, devrait être démantelé un peu plus tard pour permettre à nos résidents de demeurer sur place en sécurité jusqu'au 31 janvier. Merci à Bernadette pour sa compréhension et sa solidarité. On a conscience, évidemment, de bouleverser les projets des uns et des autres. Merci aussi à Deniz, responsable d'une association qui avait ses habitudes sur place. Au cours de ces deux semaines, elle a subi un préjudice qu'elle ne méritait évidemment pas. La solidarité de notre collectif le réparera sans délai.
Les visites se font plus nombreuses et parmi elles, aujourd'hui, celle de notre ami Bruno DUBOULOZ, inquiet comme nous pour le sort des réfugiés, puis celle d'Aurélie BONAVITA, assistante parlementaire, dépêchée sur place par le Sénateur Marc DAUNIS. Le parlementaire est intervenu en faveur de nos hôtes dés le début de leur accueil au PECOS.
Un merci tout spécial à Karine qui a vaillamment lutté ce soir contre la fatigue pour une mise au point informatique de toutes les situations recensées. Bonne nuit à Hélène et Gérard croisés ce soir à 23h alors qu'ils venaient prendre fidèlement leur tour de garde.
Restons calmes, tenons bon et n'ajoutons pas notre inquiétude (légitime) à l'angoisse bien réelle de nos amis ! A demain. Bernard, pour le collectif d'accueil des demandeurs d'asile.

Mercredi 27 : Alos que s'amorce la 19° journée dans les locaux du PECOS avec une soixantaine de demandeurs d'asile, nous voici avec un écho de la 18°.
Hier, un échange de mails avec le sous-préfet fait apparaître ce qui suit :
1°/ Notre réunion à la Préfecture, la semaine dernière, a fait l'objet d'un traitement par "le comité de suivi de la situation des demandeurs d'asile de la Corne de l'Afrique" lundi 25 janvier. On rappelera utilement que nous avons présenté au sous-préfet la situation des demandeurs d'asile sans hébergement et que notre combat citoyen se situe sur le terrain du droit, pas sur celui de l'origine géographique... C'est sans doute ce qui explique que nous ne soyons pas conviés à ce "comité de suivi".
2°/ Il nous annonce que 5 opérateurs associatifs sont actuellement en capacité de proposer des hébergements : ADOMA (ex Sonacotra) qui propose 3 places à Nice et Saint-André à des réfugiés statutaires qui étaient logés par le Secours Catholique et qui ont refusé ces hébergements ; l'association MIR qui propose deux places dans son lieu de vie de Sospel pour des demandeurs d'asile bénéficiaires de l'Allocation Temporaire d'Attente ou pour les réfugiés statutaires ; la paroisse catholique de l'Ariane qui propose trois places ; Emmaus qui dispose encore d'une place pour un demandeur d'asile menacé de réadmission dans un autre pays de l'Union Européenne ; API Provence qui disposerait de quatre hébergements pour un total de 11 personnes. Ces 20 places disponibles s'ajoutent donc aux 29 hébergements hôteliers assurés par le Secours Catholique. Nous avons adressé à la Préfecture la liste des personnes présentes au PECOS et il ne serait pas anormal que l'ex-ddass se rapproche du seul lieu officiel où toutes ces personnes sont connues, recensées, suivies et domiciliées : la plate-forme d'accueil des demandeurs d'asile ALC. Un collectif de citoyens n'a pas à se substituer à ce service associatif subventionné non plus qu'à opérer une sélection et des priorités entre des demandeurs d'asile que nous inviterons, eux aussi, à se rapprocher de la plate-forme. En revanche, rien n'empêche que les entretiens d'orientation se déroulent sur l'actuel lieu de vie de ces personnes : les murs du PECOS.
A ce jour, parmi les accueillis au PECOS, seul un couple avec des soucis de santé a trouvé un refuge il y a plus de deux semaines en hôtel sur le contingent géré par le Secours Catholique et financé par les 30000€ débloqués à la hâte en décembre dernier.
20 personnes relogées ces jours-ci, nous dit-on. Fort bien. Et lundi on n'est plus dans les locaux. Nous avons redit bien sûr au sous-préfet qu'il nous était insupportable et donc impossible d'orienter les 40 qui resteront vers un parking ou des épaves de voiture... Cela se tend !
Bernadette, la responsable du théâtre, a différé les très gros travaux de démantèlement de ses équipements et la journée de ce jeudi ne sera donc pas affectée par ce souci. L'accueil se poursuit donc jusque lundi matin. Merci de maintenir vos visites, vos permanences et, le cas échéant, votre capacité de mobilisation.
Hier soir, Saloua, demandeuse d'asile elle aussi, nous a préparé un savoureux couscous géant. Merci à elle. Et merci à ceux et celles qui se sont relayés aux permanences toujours si nombreux et chaleureux. Parmi les visiteurs : des amis de la cathédrale de Monaco venus les bras chargés de victuailles ; c'est leur deuxième visite. Michel et Hubert ont veillé sur la nuit des lieux après notre réunion d'hier soir centrée sur la suite à réserver aux débuts de propositions de l'Etat.
Bonjour à vous et à très vite. Bernard pour le Collectif d'Accueil au PECOS.

Jeudi 28 : Il va falloir vous habituer, la DDCS, c'est la DDASS de 2010 : Direction Départementale de la Cohésion Sociale.
Ce matin, alors que l'humble rédacteur de ce rapport était encore en pyjama (version pudique de son accoutrement post nocturne), voici que Mesdames BUFFA et ROUSSEL, toutes deux fonctionnaires d'autorité de la-dite administration, s'annonçaient devant notre CADA (Centre d'Accueil pour Demandeurs d'Asile) de fortune. Imaginez sa confusion.

Cheveux en bataille et chaussettes à l'envers,
le voici ventre à terre devant les fonctionnaires
(cette chronique manquait d'alexandrins).

Une rencontre avec nos hôtes puis une réunion ont permis de confirmer la réalité des promesses d'hier : 20 places à ce jour sur les 60 nécessaires. Mais la semaine n'est pas terminée... On ne peut rien dire de plus ici sur l'effectif des relogés. Sur la méthode, on a obtenu gain de cause : il est naturel que la Plate-Forme ALC des demandeurs d'asile se charge de l'orientation de ses usagers et nous convenons de faciliter cette relation des occupants du PECOS avec ALC. On ne se voyait vraiment pas faire un tri entre les candidats à l'hôtel et les promis au parking. Insistons sur le fait que nous étions là en contact avec des fonctionnaires pour lesquelles nous avons une réelle estime.
Allez, on va rester confiants. Tout en mettant la dernière main à un communiqué de presse... Vous nous voyez remettre les gens à la rue lundi matin ?
Oubli d'hier : l'échange amical de mails avec Mgr SANKALE, évêque de Nice, qui a exploré, à notre demande, la piste d'un bâtiment inoccupé et connu de lui du côté de Sainte-Marie. Sans entrer dans les détails, disons qu'il n'y a rien à espérer de ce côté-là. Merci cordial à lui d'avoir pris les contacts nécessaires et mis son autorité au service de cette recherche.
Journée bousculée et somme toute assez joyeuse ponctuée par la rencontre en fin d'après-midi avec l'ami Eric, responsable d'un CADA à l'Ariane et toujours bienveillant pour nos aventures. Un professionnel exigeant à la "sagesse" reconnue d'emblée par l'une de nos jeunes militantes.
Envie de parler de Kheira et Goulia. La première est stagiaire à Habitat&Citoyenneté et a trouvé sa place dans cet aimable chaos. Elle va et vient d'une personne à l'autre, d'un service à l'autre, avec la redoutable efficacité de son sourire et de son regard.
Délicieuse échappée de Samarkhande et Tachkent, Goulia est depuis lundi la médiatrice linguistique de la même association. Et on la voit chuchotant des vérités essentielles dans les deux langues (russe et français) pour la plus grande gloire d'une communication réussie entre des mondes si lointains.
Pedro nous est venu, ce soir. Le chaleureux collaborateur du groupe PC au Conseil Général avait le coffre plein de victuailles et le coeur lourd des violences subies la semaine dernière lors d'une manif où l'on osa moquer le prince...
Des nouvelles, du côté de RESF, de Marie-Claire, sortie de l'Hôpital et rageant de ne pouvoir être avec nous.
Et puis, ce soir, visite à Melaine et Mathias, veilleurs militants, pour leur annoncer le retour dans la nuit de notre ami Aboubacar introuvé à Saint-Roch mais rassuré sur son pépin de santé de tout à l'heure.
Dormons bien. On risque d'en avoir besoin. Plus que cordialement avec vous. Bernard pour le Collectif d'Accueil au PECOS.

Vendredi 29 : Voilà. Nous y sommes. Trois semaines de présence sur place. A 15h, Christiane ROUSSEL, en qui nous avons confiance,
vient, au téléphone, à notre rencontre. Elle s'exprime au nom de la DDCS (ex DDASS). Elle nous confirme ce que nous savons déjà (une petite dizaine de places à pourvoir à Emmaüs, MIR, ADOMA, Paroisse de l'Ariane) et propose 13 hébergements hôteliers à prendre de toute urgence. 45 minutes pour décider en raison de son emploi du temps professionnel. On avait pourtant décidé de refuser ce rôle de sélectionneur au profit de la plate-forme des demandeurs d'asile d'ALC. Pas le temps de passer le relais, nous dit-on. Nous sommes là, Michel A. et moi à une heure où il y a peu de gens sur place. Alors, il faut faire vite, bien et juste. On fait ce qu'on peut et, une petite heure plus tard, nous livrons, après concertation avec les présents, une liste de noms à Madame ROUSSEL. Notre sentiment : celui d'être sûr d'avoir mis à l'abri des demandeurs d'asile qui seront à l'hôtel dès lundi.
Quelques minutes plus tard, la permanence RESF commence, comme chaque vendredi, avec son lot de gestes immédiats, de confidences, de conseils. J'abandonne Michel A. (merci à lui) qui doit alors expliquer aux absents qu'ils auront leur tour d'hébergement, mais plus tard, et aux copains militants, revenus sur place, que le principe de réalité (la nécessité de fournir des réponses à la DDCS) l'a emporté sur la réalité d'un principe (le recours logique à ALC pour ces opérations qui concernent quand même ses usagers).
Réunion générale, baignée de compréhension, ce soir, avec les deux "communautés de vie". On nous sait de bonne volonté. Ouf !
Il reste que, lundi, la journée risque d'être longue si on veut loger les 40 encore en rade. Madame ROUSSEL invoque à bon droit le Carnaval à Nice et le MIDEM à Cannes. Nous invoquons, nous, une échéance et une exigence qui s'appliquent à tous nos hôtes. Ils ne dormiront pas à la rue : ça c'est une volonté en forme de certitude.
Le week-end doit être consacré à la détente. Que ceux et celles qui veulent s'y employer nous rejoignent pour partager ces rires complices qui font le creu nécessaire de nos combats.
Editorial de Mgr SANKALE sur les demandeurs d'asile dans le magazine diocésain de ce mois. L'Evêque de Nice a su trouver les mots pour dire combien l'Eglise est la maison du réfugié. Bonsoir à vous. Bernard pour le Collectif d'Accueil au PECOS.

Samedi 30 : Samedi particulièrement serein. Les murs du PECOS étaient, hier, d'un calme presque annonciateur d'un prochain départ.
Sauf que, les amis, jusqu'au bout, il nous faut demeurer sur le pont. Hier matin et une bonne partie de la journée Teresa était bien seule derrière son comptoir d'accueil. Occupé par la permanence logement le matin puis à l'Epicerie Solidaire l'après-midi, j'étais bien peu disponible.
Rencontres politiques hier. Emmanuelle Gaziello, qui était déjà venue avec les copains et copines du PC apporter à notre initiative citoyenne le soutien de son parti en actes et paroles publiques, a pris des nouvelles auprès de l'un d'entre nous. Elle nous redit la possibilité de nouvelles interventions de son parti auprès de qui de droit. Et on se souvient que, dès les premiers jours, elle était venue prendre son tour de garde.
Visite aussi de militant-e-s Alternatifs, NPA et associatif-ve-s engagé-e-s dans la liste régionale emmenée dans le 06 par Florence Ciavarola. Il y avait là des copains de Marseille avec qui on échangea sur les mérites comparés des deux cités en matière d'accueil de l'exilé...
Michel et Hubert ont dormi sur place.
Hubert est à nouveau partant pour une sortie à la montagne. Automobilistes militants, vous pouvez le rejoindre dans sa neigeuse équipée.
Contactez-nous ce matin au 06 68 59 81 59. Petite annonce : le même Hubert recherche deux luges en plastique; qui pourrait les donner ?
Demain, une petite vingtaine de nos hôtes vont rejoindre leurs nouveaux lieux de vie. Des véhicules seront peut-être utiles pour certains accompagnements. Dernière journée au PECOS. Pour eux...
Lundi est un autre jour dont on parlera ce soir (cette nuit...) dans cette petite chronique, si vous en êtes d'accord. Bon dimanche à vous et bien amicalement. Bernard pour le Collectif d'Accueil au PECOS.

Dimanche 31 et lundi 1er : 23 jours que des citoyens et citoyennes se sont auto-saisis de la situation insupportable des demandeurs d'asile sans hébergement à Nice. 23 jours de mise à l'abri, d'accompagnement, de soins et de vie ensemble 24h sur 24.
23 jours d'attente (de plus) loin des caméras, des appareils photos et des reportages écrits.
23 jours de dialogue avec les services publics qui doivent un toit à ces personnes venues de partout dans le monde pour demander asile à la France.
23 jours de confiance des intéressés.
23 jours de patience militante.
Il y a dix jours déjà : promesses de sous-préfet pour les réfugiés du PECOS comme pour tous ceux et toutes celles qui, ailleurs, vivent sans hébergement, leur demande d'asile. Résultat à ce jour : une chambre d'hôtel vendredi dernier et les 12 places convenues à Golfe-Juan pour demain. Début de preuve de la bonne volonté des pouvoirs publics auxquels nous demandons dès demain une volonté qui s'étendra à tous les occupants du PECOS avant jeudi et aux autres au plus vite. On confondrait à tort notre capacité de dialogue constructif avec un renoncement au droit.
L'Etat a ses contraintes, les demandeurs d'asile un droit et calendrier implacable : le PECOS a prolongé son accueil jusqu'au démantèlement total du Théâtre (parquets, lumières etc. ce jeudi).
Les moyens existent. A Angers, ville plus modeste en taille que la capitale azuréenne, des millions d'euros ont été débloqués en pareilles circonstances.
En attendant, les ami-e-s, on se trouve bien seul-e-s ces deux derniers jours pour gérer le quotidien. Continuez, si vous le pouvez, de tenir les permanences de 8h/13h, 13h/18h, 18h/23h, la nuit.
Claudine vient d'appeler pour demander combien on serait demain pour déguster ces gâteaux presque quotidiens. Michel A. et Mathias, fidèles parmi les fidèles, sont là ce soir et le premier passera ici une nuit encore. Merci à eux !
Bonsoir à vous. Bernard pour le Collectif d'Accueil des demandeurs d'asile.

Mardi 2 : "Anne, ma soeur Anne , ne vois-tu rien venir ? Je ne vois que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie"...
Le croirez-vous ça ? Les occupants du studio promis vendredi dernier sont toujours au P.ECO.S. Pourquoi ? On n'arrive pas à trouver quelqu'un pour signer le chèque de réservation...
Le croirez-vous ça ? Les 10 occupants des 5 chambres promises à Golfe-Juan sont toujours au P.ECO.S. Pourquoi ? Les propriétaires de l'hôtel en vente ne sont plus d'accord pour louer des chambres.
Le croirez-vous ça? Nos amis réfugiés avaient préparé leur valise et n'en reviennent pas de ce qui leur arrive.
Au vrai, nous non plus ! Le mot technique dans ces cas là est : "ras le bol !" Alors, incessamment, nos amis nous demandent de les accompagner à la Préfecture. Ils ont raison non ? Et puis , on y sera nombreux, hein ? Merci de regarder vos mails demain (mercredi) !
On dirait bien qu'on entre dans la phase, trop longtemps différée, de la médiatisation. On ne pourra pas nous reprocher d'avoir tout tenté sur le terrain de l'amiable, jusqu'à faire violence à certaines de nos énergies militantes.
Rapprochements utiles :
- en octobre 2007, à notre expulsion de la Maison Blanche, 56 places ont été trouvées en une après-midi
- à Angers, ces temps-ci, on apprend que 2 millions d'euros ont été débloqués pour loger les demandeurs d'asile sans hébergement. Les 30000 € discrètement alloués à une association en décembre dernier pour le même objet font figure d'aumône...
Voilà bien le problème : on ne demande pas la charité. La charité, vous savez, c'est un peu comme la tolérance, il y a des maisons pour ça ! (Paul Claudel). Non, nous nous battons pour un droit qui doit s'étendre à tou-te-s les demandeur-se-s d'asile privé-e-s d'un toit, sans distinction de situation familiale, d'état de santé, d'âge, de sexe ou de nationalité. Un droit ! Voilà tout !
Et c'est pourquoi, ce soir l'ami Martial est venu tenir la permanence. Et c'est pourquoi, Mathias se dévoue pour la nuit.
Merci, les ami-e-s, de continuer à proposer votre aide pour le quotidien de ce lieu de vie qui a besoin de chacun-e de nous. Bien fraternellement.
Bernard pour le Collectif d'Accueil des Demandeurs d'Asile (C.A.D.A. en somme...).

Mercredi 3 : Deux de nos amis, soudanais, ont enfin rejoint le studio de Golfe-Juan. Merci à Hubert de les y avoir conduits. Ils auront besoin des amis du secteur d'Antibes pour les soutenir (accès au cours de français, à la nourriture, aux soins etc.).
Nous aurons tout à l'heure l'association Mir au téléphone pour quatre places et on nous a proposé une place dans une chambre déjà occupée par deux personnes dans un hôtel "douteux". Point final pour les hébergements d'hier.
Nos amis d'Amnesty International prennent l'initiative d'une conférence de presse sur ce sujet mardi prochain. Communiqué vigoureux du MRAP au cours de la journée. Veillée d'armes, hier soir, au PECOS. Le matériel militant a été préparé avec le talent qu'on leur connait par Stéphane et Guy.
Voilà pour l'essentiel de l'actualité à quelques minutes de notre manifestation devant la Préfecture.
Merci
- aux élu-e-s de nous rejoindre avec leurs écharpes
- à la presse de relayer cette mobilisation
- à vous tous et toutes de montrer aux autorités la détermination de citoyen-ne-s indignés
- à vous encore d'exprimer à nos amis la solidarité dont ils ont tant besoin.
A 9h au PECOS pour l'embarquement par les copains et copines véhiculés et, sur place, à 10h. Inch Allah ! Bernard, pour le Collectif d'Accueil des Demandeurs d'Asile.

Jeudi 4 : Notre manifestation à la Préfecture a fait son effet. La presse était au rendez-vous et merci à Bob INJEY et Emmanuelle GAZIELLO pour leur présence au nom du PC06.
L'occasion d'une nouvelle rencontre avec Monsieur le Sous-Préfet FASILLE qui, flanqué de deux fonctionnaires de la DDCS, nous confirme son embarras devant les loupés : des hôteliers qui changent d'avis, des hôtels pris d'assaut par les carnavaliers, une explosion des demandes d'asile dans le département. On évoque une extension du domaine de la lutte par une recherche d'hébergements au delà des frontières départementales, voire au niveau national. Espérons quand même qu'on n'en sera pas réduits à prospecter des hôtels au Darfour ou à Grozny...
Une solution collective n'est toujours pas exclue et on en profite pour rappeler l'opportune présence d'un hôtel vide à 50 m du PECOS...
Toujours est-il qu'il est convenu de recevoir très vite sur place le haut-fonctionnaire qui, dans l'après-midi, vient à notre rencontre. Il redit ce qu'on savait déjà mais en direct aux occupants des lieux. Cet homme a le goût du contact et le désir d'aboutir. Sauf que ...
Mustapha, le sage porte-parole du groupe, et Musti, son jeune compatriote somalien, ont été très gentiment accueillis ce soir dans un appartement au coeur du presbytère de l'Ariane. Ils ont chacun une petite chambre où va enfin pouvoir s'amorcer le repos du corps et de l'esprit en dehors de la promiscuité. Bonne et douce nuit à nos deux merveilleux compagnons dans leur nouveau lieu de vie ! Demain, deux personnes devraient rejoindre MIR Sospel. Merci au bougonnant Michel d'avoir assuré l'accompagnement à l'Ariane et de se préparer à un départ pour Sospel. A Golfe-Juan, Adam et Hassan ont passé leur première nuit. Des ami-e-s du secteur vont entrer en contact avec eux très vite.
A noter encore une proposition généreuse de financement d'un certain temps d'hébergement par une communauté religieuse de Nice. Nous en dirons plus après avoir eu le contact.
Les quelques départs font, c'est normal, des envieux. Teresa a passé une bonne partie de l'après-midi à expliquer l'inexpliquable. "Et moi, c'est pour quand ?" "Pourquoi il est hébergé, lui, qui est arrivé après moi en France?" "Pourquoi plus de telle communauté que de telle autre ?" Autant de questions qui appellent patience et pédagogie. Nos réponses finissent heureusement par rencontrer la compréhension.
Demain encore, un lit à prendre dans une chambre de 3 et un T2 pour 3 à Antibes. A ce rythme de 2 à 5 par jour, on en a, en considérant les seuls jours ouvrables, pour 2 à 5 semaines. Pas possible ! Il nous faudra sans doute exhiber à nouveau les pancartes et banderoles de ce matin.
Merci à Mathias de prendre si souvent la garde de nuit et à tous ceux qui se dévoueront pour cette veille. Continuons de nous retrouver sur place pour quelques minutes ou quelques heures, d'accord ? Et spécialement le dimanche ! Les propositions de balades sont les bienvenues.
Bonsoir à vous en direct du PECOS. Bernard, pour le Collectif d'Accueil des Demandeurs d'Asile.

Samedi 6 : Aujourd'hui, cinquième samedi au PECOS ! Hier, vendredi, personne n'a quitté les lieux et aucune nouvelle annonce d'hébergement n'a été faite. La vie s'organise forcément autrement depuis le départ de ceux qui exerçaient la fonction difficile de porte-parole, Adam et Mustapha. De nouvelles voix se font entendre et c'est bien.
Les départs très ponctuels continuent de générer de la frustration et on le comprend car choisir c'est exclure... Les médiations linguistiques de Meryl, Radija et Goulia (anglais, arabo-stéphanois et russe) furent grandement utiles. Merci à elles trois pour la justesse de leur présence et de leur parole.
Nous portons assistance à des personnes en danger et nous revendiquons pour tous leurs pareils (les plus de 100 demandeurs d'asile encore sans hébergement) une égalité de traitement avec les familles en demande d'asile. Les familles, à leur arrivée à Nice pour demander l'asile, sont prises en charge à l'hôtel (le DHDA de la Fondation ACTES) suite à une orientation par la Plate Forme (service public délégué à l'association ALC).
Nous n'avons pas à nous substituer à ce dispositif de prise en charge et nous avons demandé à Monsieur le Sous-Préfet de convaincre les
opérateurs en question de traiter comme il se doit l'orientation de leurs usagers célibataires vers les hébergements qui seront trouvés.
Le sursis accordé par le PECOS n'ira pas, pour la partie "théâtre" des locaux, au delà de quelques jours et nous croyons savoir que l'asssociation vient d'envoyer un courrier recommandé à notre Collectif et à la Préfecture pour le rappeler. Alors ? Alors, ce samedi soir, réunion plénière à 19h30 pour débattre de la stratégie à adopter.
Deux demandes en ce début d'après-midi :
- y en a-t-il parmi vous qui voudraient emmener quuelques uns de nos amis caucasiens et africains en balade demain dimanche ?
- on aurait besoin de médicaments pour traiter des rhino-pharyngites
- on est toujours demandeurs d'agneau et de poulet, de pommes de terre et de légumes, de fruits et de thé...
A votre bon coeur et merci ! Bernard, pour le Collectif d'Accueil des Demandeurs d'Asile.

Dimanche 7 : Un petit groupe part à la neige mais on sent le désespoir envahir les résidents à qui on a tant promis et qui sont toujours là .Nous avosn besoin de vous encore plus .Il a été décidé de creer un comité de pilotage pour determiner les actions et l'organisation à venir .Faites nous signe.

Lundi 8 et mardi 9 : 29° et 30° journées au PECOS processus en panne. Les engagements des services de l'Etat se limitent, à ce jour, aux 34 demandeurs d'asile hébergés sur 150 (parmi ceux-ci : 7 hébergements pour les occupants du PECOS) Au PECOS se morfondent une bonne cinquantaine d'exilés, de naufragés, d'oubliés. Le désespoir de certains de ces jeunes hommes étreint les plus solides d'entre nous.
C'est pourquoi nos ami-e-s d'Amnesty International ont convoqué aujourd'hui une conférence de presse où des journalistes de quatre rédactions sont venus poser de bonnes questions devant une assemblée dans laquelle on reconnaissait des représentants d'ADN, de la CIMADE, de la LDH, du MRAP, de Médecins du Monde, de RESF 06, du Secours Catholique et de Vie&Partages.
On verra ce qu'il en résulte.
Quoiqu'il en soit, on voit bien que notre mouvement entre dans une phase nouvelle marquée, semble-t-il, par deux phénomènes : la montée en puissance de son exposition publique (au niveau local comme au niveau national) et la structuration de son organisation avec la mise en place d'un comité de pilotage.
La semaine prochaine, zone de turbulences avec le démantèlement du Théâtre qui rendra inconfortable voire impossible le maintien dans des lieux privés de parquet, de cumulus d'eau chaude et d'une partie de l'installation électrique. Et le 28, vous le savez, on doit partir en application d'une mise en demeure du PECOS adressée à notre collectif mais aussi à la Préfecture. L'association appelle de ses voeux un traitement attentif et urgent des attentes d'hébergement des occupants des lieux.
Après deux jours sans visites ou presque de militant-e-s, ceux-ci et celles-ci ont repris le chemin du 51 rue Clément ROASSAL. Nous vous demandons de faire le maximum pour venir sur place et poursuivre la ronde des permanences ( y compris la nuit).
Votre présence a valeur de réconfort et de soutien pour la suite...car il y aura une suite ! Il existe une unaninimité sur la volonté de ne laisser personne regagner la rue, les parking, les voitures abandonnées, les hébergements de fortune. Autrement dit, nous ne manquerons pas d'occupation(s) dans les temps qui viennent. Un salut reconnaissant à ceux qui sont là cette nuit aux côtés de Mathias.
Nos encouragements à Claudine qui coproduit chaque jour avec l'un des demandeurs d'asile des "spécialités maison" pour demandeurs de gâteaux savoureux. Ce rituel culinaire fait du bien à chacun-e.
Nous sommes trés inquitets pour Ali qui ne va pas bien du tout demain Médecins du monde vient visiter tous le srésidents de plus en plus déprimés.

Jeudi 11 : Chers amis, nous entrons dans la 32° journée au PECOS. La chronique habituelle des mille et un gestes de partage et des infos du jour laisse place à un courrier que je livre à la lecture de ceux et celles qui ne l'auraient pas reçu par ailleurs.
Ce courrier a été également adressé à Paris (Présidence et Ministère de l'Immigration) et je m'apprête à le porter à la connaissance des parlementaires et autres élus concernables. Amitiés et à ce soir pour la reprise du"direct du PECOS". Bernard.

Vendredi 12 : en ce vendredi, Michel Vauzelle, Président PS de la région PACA, inaugurait sa permanence à Nice. Nous nous sommes donc rendus, banderole déployée, à cette cérémonie afin de prendre contact avec lui. Une délégation (composée de Teresa, Bernard et des représentants des demandeurs d'asile) a été reçue et écoutée par M. Vauzelle. Il nous exprimera son indignation, parlant d'attitude inhumaine de la part des autorités, et s'est engagé à contacter à ce sujet le Préfet, le Président de la République et le Ministre de l'Immigration. Puisse-t-il trouver les mots et les gestes pour convaincre de la justesse de ce combat ! Son conseiller à la Région a également pris notre contact. Nous somme ensuite restés plusieurs dizaines de minutes devant la permanence, avant de rejoindre le PECOS, le froid ayant eu raison de nous. Nous remercions chaleureusement les deux élus qui nous ont remis des dons.
Plus tard dans la soirée, des représentants des Alternatifs et du NPA nous apporteront des victuailles et un chèque, biens terrestres mais nécessaires pour nourrir la soixantaine de résidents toujours sur place. Côté hébergement, toujours rien de nouveau à proposer aux requérants...
Ceux-ci continuent toutefois leur intégration en apprenant le français sur ordinateur. A ce propos, nous recherchons des casques et haut-parleurs pour PC, afin qu'ils puissent profiter pleinement de leurs leçons.

Samedi 13 : 35° jour de notre occupation
Ce samedi, Patrick MOTTARD, notre conseiller général, était porteur, lui aussi d'un nouveau chèque pour marquer un soutien fidèle depuis le début de notre mouvement.
La venue d'Edgard MALAUSSENA, maire de Villars sur Var, conseiller régional sortant et proche du PECOS depuis des années avait vocation à soutenir Bernadette, responsable du Théâtre du Village dans ses efforts pour récupérer prochainement du matériel sur place (climatiseurs, chemin de cables, projecteurs et ... parquet). L'occasion de lancer un nouvel appel : on va avoir besoin de tapis, de moquette ou de lino pour éviter à nos hôtes de dormir à même le ciment dès mercredi ...
Parmi les soutiens financiers apportés à notre belle cause partageuse, on signalera tout spécialement celui du truculent patron de la Dégustation dont la terrasse, place du Palais de Justice, est régulièrement peuplée de tout ce que la ville compte de joyeux empêcheurs de tourner en rond. Merci Serge !
La journée de samedi aura été riche en rencontres et pauvre en volontaires pour les permanences (inscrivez-vous, s'il vous plaît ! bonne nouvelle: votre salaire ne sera pas imposable). Corinne a assuré la matinée durant laquelle nous tenions la permanence "logement" juste à côté avec Teresa, laquelle a pris le relais dès 13h et jusqu'à 23h. Long tunnel de solitude heureusement jalonné de beaux échanges avec nos hôtes, de cours de français improvisés et des haltes joyeuses sur place de plusieurs de nos amis les bras chargés de présents ( merci Michel pour ces courses généreuses et Jean pour cette récolte d'oranges savoureuses). Joie de retrouver Abdel, Françoise et Melchior venus récupérer les luges de dimanche dernier et proposer de nouveaux services. Bonheur de saluer Pierre-Alain venu juste avant son départ pour de nouveaux engagements en Ardèche où il semble avoir trouvé ce qui lui convient. Bonne route à lui.
A 23h pétante, le grand vélo jaune et noir de Mathias faisait son entrée dans les murs suivi de près par son propriétaire. L'heure de la veille de nuit venait de sonner. Mathias a une vie de gardien de phare depuis quelques semaines...

Dimanche 14 : Les amis, à l'aube du 36° jour, on vous redit qu'on a besoin de tout le monde pour les veilles de jour comme de nuit.
On s'est retrouvé une poignée ce week-end à se relayer. Il n'y a même plus de binômes. Traversées de jours et de nuits en solitaire ! Nous sommes les Tabarly du PECOS ! C'est héroïque (un petit peu quand même) mais ennuyeux.
Nos amis demandeurs d'asile ont besoin de communiquer. Ils ont soif d'apprendre notre langue. Si vous le pouvez, venez ! C'est tellement mieux ensemble, ces longs moments d'attente. Au fait, on a eu une idée (si, si, ça arrive).
On nous dit que le CARNAVAL constitue l'obstacle principal à l"hébergement hôtelier. OK, alors on passe un deal avec la Préfecture :
- elle, elle se charge de réserver les hôtels dès à présent et nous fournit la liste des chambres attribuées avec les noms des occupants
- et nous, on se charge de faire attendre nos amis jusqu'à la fin du Carnaval qui coïncide avec la remise des clés du PECOS
Mais si ça se trouve, il n'y a pas que le Carnaval...
Allez on attend vos appels et on remercie Besma qui est là ce matin ainsi que Corinne, Denis et Radija qui se sont relayés hier auprès de nos hôtes.

Mercredi 17 : Le mardi et le vendredi à 19h30, des réunions sont désormais instituées sur place. Mardi, on évoqua les menaces qui pesaient sur l'intégrité matérielle du Théâtre. Le démantèlement des installations du théâtre a bel et bien commencé. Plus de chaises, plus de tables. Un important matériel a été déménagé hier mais cela n'affecte pas encore l'habitabilité du lieu. Le parquet est provisoirement maintenu ainsi que le tableau électrique. Le déménagement se poursuit sous le regard un peu héberlué de nos amis demandeurs d'asile.
Les permanences ont retrouvé une partie de leurs volontaires suite à nos appels désespérés. De nouveaux visages sont apparus : des copines de Grasse, des étudiants de Nice et des amis de partout sans oublier Gari, le chien de "Sardine".
Merci à vous de continuer à vous inscrire, si possible en binômes, sur les 4 créneaux de la journée et de la nuit (we compris...).
Hubert et Michel A. ont rendu compte de leurs démarches auprès de tous les partenaires associatifs mobilisables sur l'enjeu des hébergements et relancé inlassablement les services de l'Etat. Bonnes rencontres hier avec les amis de Mir et du Secours Catholique. Et aujourd'hui, présence à ISN (Inter Secours Nice rassemble chaque mois les acteurs niçois du "social" : des dizaines d'associations et services publics de la Ville, du Département et de l'Etat). L'occasion de mutualiser et de se mobiliser ensemble ? Qui sait ? ...
On s'interrogea encore sur ce Carnaval présenté comme obstacle (alibi?) à l'accès aux prises en charge hôtelières. Car, si tel est le cas, pourquoi les services de l'Etat ne réservent-ils pas des chambres pour après le Carnaval ? Et cette idée de prospecter des hébergements à l'ouest du département, a quoi correspond-elle ? A des résistances locales à l'accueil des demandeurs d'asile ? Fort heureusement, nous ne pratiquons pas le procès d'intention...
On passa en revue aussi, lors de la réunion de mardi, les lieux possibles d'une manifestation publique de notre colère. Ceci se met en place activement avec à l'esprit une date : celle du rendu des clés au propriétaire par le PECOS le 28 février.
Visite de l'ami Bruno DUBOULOZ porteur d'encouragements et d'un soutien financier. Merci à lui de veiller à nos côtés. C'est lui aussi qui anime la réunion d'ISN, évoquée plus haut.
Lundi, nous étions bien embarassés car Madame A., demandeuse d'asile malade hébergée dans de mauvaises conditions chez des proches, le visage ravagé de larmes, nous a demandé l'hospitalité. Impossible de la lui refuser mais difficile de lui ménager un accueil digne dans ces lieux inadaptés. Abdel et Françoise ont aussitôt assuré comme ils savent si bien le faire. Madame A. est pour quelques jours chez eux en attendant une prise en charge hospitalière. Nul doute qu'elle y retrouve la sérénité dans une ambiance familiale chaleureuse. Merci aux merveilleux enfants de ces deux parents géniaux !
Ce matin (jeudi), deux amis soudanais, hébergés depuis hier à l'association Mir à Sospel, ont demandé à redescendre au PECOS. Michèle, la responsable, en était bien désolée tout en constatant avec nous que ce type de structure n'était pas adapté au public des demandeurs d'asile. Merci à elle, à son équipe et aux personnes prises en charge dans ce lieu de vie pour personnes en difficulté de les avoir si gentiment reçus hier.
Nous l'avions déjà fait remarquer au sous-préfet et à la DDCS : les demandeurs d'asile isolés doivent être hébergés, comme les familles, dans des lieux ajustés à leur capacité d'autonomie (hôtels, appartements meublés, résidences sociales...). C'est pourtant facile à comprendre, non ?!
Suite au démontage progressif du théâtre, on a besoin de chaises et de tables (du mobilier de jardin empilable ferait l'affaire). Qui serait ok pour un prêt ? Besoin aussi d'un aspirateur.
Demain, 40° journée d'une occupation longue comme un Carême. A demain, donc, pour cette chronique qui va reprendre son rythme quotidien. Un clin d'oeil affectueux à Méry et Baptiste venus cette nuit veiller sur les lieux et sur les bobos d'Ali. Ils reviendront. Bravo et merci à eux d'avoir suscité des vocations de veilleurs de nuit chez leurs copains. Amicalement à vous. Bernard, en direct du PECOS.

Dimanche 21 : Nous voici dans la 7° semaine de vie ensemble au PECOS et on vous rappelle que le 28 février marque la fin de la phase "légale" de cette occupation ... Nous faisons l'expérience du Désert des Tartares. Rien ne se passe dans ce temps qui passe à contempler l'horizon. Rien? En tout cas, rien de concret sur le front de ce juste combat pour l'hébergement de tous les réfugiés en demande d'asile. Sans qu'on puisse ici en dire davantage, disons qu'on s'intéresse, à un niveau national, à ce que subissent ici les personnes que nous soutenons. On en saura plus au cours de la semaine et on vous le partagera.
On va sonder l'hôtellerie locale, histoire de vérifier sa capacité à accueillir nos ami-e-s après le Carnaval. Et puis, on se dit que la mutualisation de cet accueil avec la plupart des communes du département pourrait aussi être une piste. Alors, un courrier a été rédigé et est en cours d'envoi vers les élu-e-s concernables par l'hospitalité républicaine qu'ils-elles pourraient apporter à un ou plusieurs réfugiés. Un beau geste qui, répété de villes en villages, aurait valeur de témoignage. Sur place, on s'applique à demeurer mobilisés sur le quotidien : les repas à organiser, les permanences à assurer, les démarches à opérer, les attentions à avoir pour chacun. Claudine poursuit son oeuvre pâtissière avec constance. Les visites d'Odile et Paulo se font toujours plus concrètes : tenez, la semaine dernière, ils ont récupéré pour le Théâtre des dizaines et des dizaines de mètres carrés de moquette monégasque pour parer au démontage annoncé du parquet. Ce week-end, certains des demandeurs d'asile ont été invités à prendre du repos chez des amis azuréens. Claire fut, hier, la vigie solitaire des lieux de 18 à 23h et c'est Christian qui la relaya pour la nuit.
Nous avons toujours besoin de remplir (en binôme c'est plus sympa) les plages de permanence de la semaine qui s'amorce. Contactez-nous au 06 68 59 81 59 ou sur vie-partages@hotmail.fr.
Rappel à ceux et celles que ceci concerne : réunions les mardi et vendredi à 19h30 avec traductions simultanées en russe et en anglais (merci à Goulia et à Teresa). Bernard, en direct du PECOS.

Mardi 23 : Oui, les ami-es, il n'y aura pas de sursis et je vous explique. Aujourd'hui, par le truchement d'un avocat, le PECOS, qui doit rendre les clés le 28 février, vient d'apprendre que le propriétaire des lieux, sans doute inquiet quant à une éventuelle occupation au delà de la date fixée, était prêt à des concessions. En gros, voici : le PECOS, en raison de sous-locataires indélicats, s'est retrouvé en dette vis à vis de son bailleur (plus de 15 000€). Malgré l'expulsion, cette somme demeure une créance pour le propriétaire et une ombre sur l'avenir de cette petite association. Le propriétaire, lui, a des projets et entend bien ne pas les différer. Il a donc proposé de renoncer à cette créance contre l'assurance de récupérer le 28 de ce mois des locaux vides de tout occupant. Voilà.
Le PECOS nous a ouvert sans hésitation des locaux qui auront servi d'abri durant 7 semaines. On a bousculé des habitudes et un plan de travail et on ne dira jamais assez merci à nos amis Luc, Christophe, les deux Richard, Karine, Valérie et Laurent pour leur accueil si confiant. Pas question, bien sûr de les mettre dans l'embarras ! Alors ?
Alors, branle-bas de combat tout à l'heure sur place : dans l'immédiat, les demandeurs d'asile et les militant-e-s sont ok pour une rencontre à solliciter à la Préfecture à la fin de la semaine. On nous y a toujours dit que le Carnaval constituait le principal obstacle à l'accès à des hébergements hôteliers. Eh bien, comme est de bon petit-e-s citoyen-ne-s, on va aider nos services de l'Etat en leur amenant sur un plateau la liste des chambres trouvées pour le mois prochain dans des hôtels du coin. Super, non?
Et puis, en même temps, comme on craint que le Carnaval ne s'arrête jamais, on a quelque chose à vous demander. On a déjà écrit aux mairies du département et aux communautés religieuses pour leur demander de faire ce beau geste d'accueil pour deux ou trois personnes, un geste qui, répété de villes en villages, de couvents en hôtelleries monastiques, donnera à nos décideurs une idée de ce qu'hospitalité veut dire. Nous n'avons pas encore de réponses et c'est normal.
Mais dans trois quatre jours, les ami-e-s, on fait quoi ? Nous sommes, à travers nos réseaux, des centaines de personnes. Qui se sent capable de recevoir l'un ou l'autre de nos amis si attachants ? On vous le répète : il s'agit de jeunes gens souriants, disciplinés, organisés, discrets et serviables. Et pour peu que vous trouviez le chemin de leur coeur... De plus, ce ne sont pas ce que l'on appelle usuellement des sans-papiers : ils sont en attente d'une réponse à leur demande d'asile, et bénéficient donc d'ici là d'un statut légal pour résider sur notre territoire.On ne nous laisse pas d'autre choix, une fois encore, de faire ce qui revient à d'autres (songez que, durant ces presque deux mois d'occupation, aucune nouvelle n'a été officiellement demandée, aucun signe donné d'un début de solidarité par certains opérateurs en charge des demandeurs d'asile dans ce département !...).

Est-ce que nous continuons ? On doit vous le dire : à l'heure qu'il est, et pour quelques temps encore, l'hospitalité citoyenne est la seule solution.
Avec inquiétude, avec espoir et avec à l'esprit le désarroi palpable de nos amis réfugiés, on s'en remet à nous tous qui avons été capables de grandes et belles mobilisations auprès de l'étranger maltraité. Merci de nous appeler. Vraiment !
Dès lundi, déchargé des tâches quotidiennes d'accueil qui ont mobilisé des dizaines d'entre nous durant 7 semaines, on se concentrera sur la suite du combat, ses traductions militantes, ses soutiens politiques, ses perspectives judiciaires.
Bien fraternellement et ... dans l'attente de votre appel secourable. Est-ce que vous pouvez, spécialement aujourd'hui, faire passer ce message autour de vos réseaux, communautés ami-e-s, familles ? Bernard 06 68 59 81 59

Vendredi 26 : Manifestation ce matin à la Préfecture. Réception d'une délégation. du PECOS rejointe par l'ami Gérard VINCENT du Secours Catholique. Attente des manifestants derrière leur banderole. Sortie de la délégation.
Et enfin, enfin les ami-e-s, l'annonce qu'on n'attendait plus : 300 000€ ont été débloqués pour héberger les demandeurs d'asile isolés dans le 06.
Retour en vitesse au PECOS, contacts avec les hôtels, emballement de la machine à héberger et voici, ce soir, que 40 de nos hôtes dorment à l'hôtel au moment où je vous écris. On n'en revient pas. Cela a été si long, si lent puis tout à coup...
Lundi , les opérations se poursuivent et on pourra rendre les clés au PECOS qui à son tour pourra les remettre au propriétaire des lieux. Qu'on se comprenne bien : les quelques demandeurs d'asile hébergés encore au PECOS mais ausssi ceux et celles qui se trouvent sans toit sont concernés. Fièvre des départs, émotion et soulagement ont habité les locaux jusque tard dans la soirée.
Tina, Hubert et Michel ont assuré comme des chefs la répartition des uns et des autres dans les chambres. On avait un peu de mal à se quitter tout à l'heure avec eux trois auxquels s'étaient joints Teresa, Radija, Manu, Denis et Laura. Au téléphone : Annie et Aloys qui savent combien il nous est bon de partager aussi les joies avec eux.
Voilà, c'est bien calme, ce soir sur place et on ne va pas s'en plaindre . Comme tous les veilleurs de nuit depuis 7 semaines , je vais déployer ma paillasse sur le sol improbable d'un bureau qui aura servi à tout et songer à chacun de vous, si nombreux, si présents, si efficaces, si fraternels. On l'a fait ensemble !
Samedi et dimanche, il n'y aura pas de nouveaux hébergements. On continue les permanences comme avant pour ceux et celles qui restent dans l'attente d'une solution mais aussi, on range, on fait le ménage. Besoin de bras et petites mains pour tout cela. On peut encore vous demander ça ? Et puis ce sera bien de se retrouver sans le poids des soucis portés depuis ces longs mois. A tout à l'heure...
Du fond du coeur, bravo et merci à vous ! Bernard, en direct du PECOS.

Dimanche 28 : Après les 40 hébergements de vendredi, pause du week-end pour ranger, nettoyer, démonter le plancher du théâtre. Merci à Corinne, Geneviève, Méry, Lucille, Alice, Claire, Luc, Ricardo et aux réfugiés sur place, Magomed, Giliani, Alexandre, de nous avoir rejoints pour cela.
Soirée avec Teresa, Guy, Mathias et Michel : on veille jusqu'au bout de la nuit avant de se retirer demain définitivement. On va travailler à la mise en oeuvre des hébergements de ceux qui demeurent encore au PECOS (une douzaine de personnes). Il y en a là deux ou trois qui n'auront pas accès à l'hôtel en raison du fait que leur demande d'asile en France ne peut être examinée. Parmi elles, une maman et sa petite fille de 8 ans, russes d'Abkhazie (frontière géorgienne). Ces personnes sont terrorisées par ce qui va leur arriver demain. Comment leur venir en aide ? Nous sommes bien démunis devant leur situation de sans droits. On vous confie cela à vous tous et vous toutes... Et puis, bien sûr, il y a les autres demandeur-se-s d'asile non présents au PECOS mais sans hébergement stable. Cela va être leur tour d'accéder à un toit et il nous faudra veiller à ce que personne ne soit exclu. Demain soir : compte-rendu des hébergements obtenus. Il nous faudra ensuite informer largement, au niveau national.
Espérons une extension du domaine de la lutte à toutes les villes de France où se pose la question que nous avons posée ici avec succès !
Fin d'une chronique qui aura tenté de vous informer sans vous ennuyer et de nourrir votre fidélité à ce juste engagement auprès d'exilés à la dérive sur un parking et des lits de fortune. Bonsoir à vous et bien fraternellement. Bernard, en direct du PECOS.

Lundi 1er mars : On est évidemment heureux pour la bonne quarantaine de nos amis réfugiés hébergés vendredi dernier. Et pourtant, qui aurait pu croire, un seul instant, que l'annonce d'une somme de 300 000€ (bien en deça des besoins) allait calmer notre vigilance ?
Ce lundi : rien ! rien de rien ! Une quinzaine des occupants du PECOS ont attendu sur le trottoir que la Préfecture donne un signe. On leur avait promis des hébergement hôteliers pour aujourd'hui.
Rien, rien de rien ! Le Carnaval est terminé ? Pas pour tout le monde, dirait-on ! Notre ami Hubert l'a rappelé sèchement au sous-préfet Fasille.
Las, ce soir, les clés de" leur maison" sont entre les mains d'une quinzaine de demandeurs d'asile abusés. A ces 15 là, s'ajouteront peu à peu ceux et celles qui vivent , dans le diffus de la ville, l'absence d'un hébergement digne.
Le théâtre a, aujourd'hui, été privé de toute alimentation électrique après avoir été débarassé hier de son parquet (nul autre théâtre, cependant, à éclairer ou à couvrir d'un plancher. Juste des comptes à régler...sur le dos d'exilés). Nos amis se sont, dès lors, repliés sur la partie 'bureaux' du PECOS. Nous les soutiendrons jusqu'au bout comme nous soutiendrons, où qu'ils se trouvent, la bonne cinquantaine de demandeurs d'asile sans toit dans cette ville.
Le croirez-vous ? La DDCS (ex DDASS), jointe ce soir, nous a indiqué que le suivi de ces personnes (qui est quand même du ressort de la plate-forme des demandeurs d'asile) allait nécessiter un "soutien" de notre part. C'est la dernière info de ce message nocturne : des citoyen-nes sont appelé-e-s à l'aide ! Puisse, la très professionnelle plate-forme, ne pas en prendre ombrage, conserver son humour et revendiquer courageusement les moyens nécessaires à l'accompagnement des demandeurs d'asile que son association a fait le choix d'accompagner !
Continuons de rendre visite à nos amis au PECOS. Plus que jamais ! Bien cordialement, Bernard NEUVILLE.

Mercredi 3 mars : 61 c'est bien mais pas assez !!!!!! 61, c'est le nombre de demandeurs d'asile accueillis au PECOS qui ont trouvé un hébergement depuis le 9 janvier. 7 dans les premiers jours puis plus rien, puis 45 vendredi dernier, rien lundi, puis 9 mardi. Rien aujourd'hui !
Demain, il faudrait normalement en finir avec l'occupation du PECOS (toujours d'actualité, les ami-e-s, et il nous faut être jusqu'au bout auprès de nos amis !). Une dizaine de personnes sont encore sur place en possession des clés. Celles-ci doivent être rendues en début d'après-midi.
Ceci sera-t-il possible ? On fait tout pour ça. On nous promet pour demain 10h un échange fécond du côté de la ddcs (ex ddass)...
Quoiqu'il en soit, l'occupation se poursuivra, je le crains, jusqu'au départ du dernier de nos hôtes éligible à un hébergement hôtelier.
Et puis, on pense très fort aux dizaines d'autres et, parmi eux, aux malades et invalides en demande d'asile toujours dehors. J'en ai reçu un, bien mal en point, ce soir, qui a trouvé refuge dans une voiture. L'occupation victorieuse du PECOS doit désormais servir aux autres.
Sinon, nous n'aurions fait que du caritatif, n'est ce pas ?
Jeudi décisif, donc, où le PECOS doit être rendu libre de ses occupants et les autres rapidement pris en charge !
Bien cordialement à vous.
Bernard

Courriers des élus du département
9 janvier : Association Départementale Élus Communistes et Républicains
14 janvier :
Marc Daunis Sénateur Maire de Valbonne Parti Socialiste

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