Cela
fait des mois et des mois que nous ne cessons d'alerter, dans
un silence assourdissant, les pouvoirs publics sur le sort réservé
aux 150 demandeurs d'asile sans hébergement à Nice.
Nous ne reviendrons pas ici sur les promesses non tenues et sur
les espoirs déçus. Nous avons décidé
de nous inviter ce jeudi soir à 20h30 à une rencontre
dans le froid glacial du parking du Paillon entre les dizaines
de personnes qui y dorment et Monsieur le Sous-Préfet FASILLE.
Celui-ci était accompagné de Mme la directrice de
la DDASS et des dirigeants du Secours Catholique qui ont reçu,
il y a un mois déjà, une subvention de 30000€
destinée à la mise à l'abri de ces réfugiés
épuisés.
Le représentant de l'Etat a annoncé en anglais qu'il
allait tenter de leur fournir "a room to sleep" et leur
a demandé de patienter encore. L'échange fut franc
mais courtois et on s'est quitté avec le sentiment que
les choses allaient peut-être avancer. Mais, pour l'heure,
le Sous-Préfet leur a simplement souhaité bonne
année et bonne nuit, les laissant dormir dans ce parking
froid et hostile. Ils ont remercié chaleureusement le sous
préfet d'être venu les voir, et se sont excusés
de n'avoir rien à lui offrir à boire.
Nos amis Erythréens, Soudanais, Somaliens qui ont fui la
mort et la guerre allaient retourner à leurs duvets humides.Un
monsieur Soudanais malade, arrivé du Darfour, très
dignement nous a exprimé sa détresse : « dans
mon pays il y a plein d’organisations humanitaires françaises
pour nous aider et quand nous arrivons ici il n’y a plus
personne pour nous aider ».
Samedi avons décidé de demander l'hospitalité
au PECOS (Pôle ECOnomie Solidaire) qui dispose actuellement
des locaux du Théâtre Le Village, 51 rue Clément
Roassal.Des dizaines de réfugiés de la corne de
l'Afrique et du Caucase dorment sous un toit pour la première
fois depuis de longs mois.
Nous avons lancé un appel pour que, dès ce soir,
ceux et celles qui le peuvent leur amènent de quoi
subsisterÉcrivez au prefet et à M Fassile pour demander
le relogement courrier@alpes-maritimes.pref.gouv.fr ; pftcabinet@alpes-aritimes.pref.gouv.fr
; webmaster@alpes-maritimes.pref.gouv.fr ; francis.lamy@alpes-maritimes.pref.gouv.fr
; christophe.fasille@alpes-maritimes.pref.gouv.fr tel : 04 93
72 20 00 / 04 93 72 22 01 / 04 93 72 22 02 /
04 93 72 24 01 fax : 04 93 72 22 99 / 04
93 72 24 53 / 04 93 71 89 20 /
Dimanche la première journée vient de s'achever.Couvertures,
nourriture, médicaments, vêtements chauds sont au
rendez-vous de nos appels. Beaucoup de visites aujourd'hui et,
au moment du dîner, celle de Louis SANKALE, évêque
catholique de Nice. Il est resté longuement et a dialogué
avec les réfugiés.
Une première prise de parole demain à 18h30 sur
RCF (FM 96.8), peut-être un communiqué plus largement
diffusé et la possibilité d'une prise de contact
avec la congrégation propriétaire de murs inoccupés,
voilà ce qui ressort de cette rencontre placée sous
le signe de l'écoute.
Lundi
11 : à
la première heure, on appelle le sous-préfet pour
savoir où en sont les services de l'Etat dans leur recherche
d'une "room to sleep pour chacun - pas de nouvelles. Un médecin
bénévole ausculte les malades.
Mardi
12 : le couple Tchétchène
dont l'épouse souffrait dune grave maladie est relogée
dans un studio pour un mois par le secours Catholique.
Nous avons prêté notre appareil
photo et Adam nous offre cette photo d'une nuit paisible sous
la couette (merci de ne pas reproduire sans autorisation).
Mercredi
13 : Nice-Matin
a fait un premier écho, sans être sollicité
pour cela, à ce que nous vivons au 51, rue Clément
ROASSAL.
On y apprend que le Sous-Préfet devrait fournir des solutions
ce jeudi, que des associations y travaillent aussi, qu'une trentaine
de chambres seraient d'ores et déjà disponibles,
du fait des recherches difficiles en ces temps pré-carnavaliers,
de nos collègues du Secours Catholique. Que des bonnes
nouvelles, quoi !
On y découvre même que nos amis préféreraient
dormir en meute. On ne sait pas d'où provient ce déterminisme
de la literie. En tout cas, pas des intéressés qui
se moquent éperdument d'être dispersés. Au
fond, il y aurait ceux et celles qui aspirent à des solutions
individuelles et les autres incapables de se défaire des
réflexes grégaires. Dingue, non? Un nouveau venu,
malade lui aussi, est arrivé de l' hôpital de Tende
après deux mois de séjour.Il est très faible
et fait l'objet d'une orientation vers un centre d'accueil spécialisé.En
attendant, il dort là. De nombreux appels pour solliciter
un hébergement parviennent au PECOS.
Jeudi
14 janvier : Visite de travail
ce matin de Bruno DUBOULOZ venu rencontrer pour ISN (Inter Secours
Nice, qui regroupe toutes les associations oeuvrant dans le social
à Nice) les porte-parole des habitants du PECOS. On lui
fait confiance pour tenter d'éclairer les associations
niçoises sur ce que subissent nos amis fatigués
et déçus.
Il est minuit et nous attendons toujours les propositions d'hébergement
promises, selon Nice Matin, par les services de l' Etat pour ce
jeudi. On verra demain ce qu'il en est. Il y a des patiences qui
trouvent leurs limites...
Vendredi
15 janvier :
La lecture de Nice Matin nous a mis en joie. Le journal officiel
de la Côte d'Azur fait, pour la deuxième fois, l'économie
de nous contacter, répète les lieux communs de sa
dernière livraison sur le même sujet, et annonce
presque triomphalement des solutions. La petite maison dans la
prairie, quoi !
2
personnes ont appelé le sous-préfet Fasille ce soir
à 18h, conversation qui a duré 30 min.
Nous lui avons
demandé, en tant que citoyens français, où
en était l'action de l'État concernant l'hébergement
de la quarantaine de réfugiés du PECOS. Voici un
résumé de ce qu'il nous a dit :
- Il travaille conjointement avec le Secours Catholique, ALC et
API Provence, il "met le paquet sur sa préoccupation
n°1" et a même alloué "un budget supplémentaire
et un comité de suivi" à celle-ci.
- Les réfugiés du PECOS sont "les victimes
collatérales d'un engorgement dû à l'avalanche
des demandeurs d'asile" qui "sortent comme des lapins
d'un chapeau" (accroissement cette année de 30% des
primo-arrivants).
- Il refuse d'en arriver à la solution des réquisitions
de logements car "ce n'est pas nécessaire".
- Son objectif est que les réfugiés du PECOS soient
tous logés d'ici à jeudi prochain (le 21/01), dans
des foyers ou des chambres d'hôtel. Il préviendra
Teresa ou Bernard quand cela sera possible et également
les réfugiés eux-mêmes en leur indiquant leur
nouveau lieu de résidence. Il a répété,
inlassablement, qu'il ne fallait pas qu'ils s'attendent à
être forcément logés à Nice même
mais dans la région. Ceux qui sont malades seront prioritaires
sur les quotas de chambres à la DDASS.
Il a également insisté sur le fait qu'il faisait
son possible pour atteindre cet objectif mais qu'il fallait préciser
aux réfugiés que ce n'était qu'un objectif.
- Il nous a demandé combien étaient malades et de
quoi ils souffraient !! A nous donc, simples citoyens, d'informer
le préfet de la situation sanitaire de ces personnes ?!
Nous avons mis en exergue leur dénutrition et leur faiblesse.
- Il déplore le fait que les réfugiés "ne
parlent pas français et se replient sur eux-mêmes".
Ils ne demandent que cela mais en ont-ils le loisir dans les conditions
dans lesquels ils vivent
La préfecture a reçu de
nombreux messages de citoyen et citoyennes solidaires.
Nous apprenons chaque jour les décisions et propositions
de Monsieur le sous préfet C. Fasille via Nice-matin. Dernier
article en date de ce
jour .
Samedi
16 : Une semaine qu'on est là
! La fraternité a encore gagné du terrain du côté
de la rue Clément ROASSAL (au fait, c'est qui, Clément
ROASSAL?). Ben oui, forcément, on a progressé dans
la connaissance des uns et des autres. Le quotidien se charge
de confidences. Et on sent bien que ce que nous vivons là
aurait manqué.
ADN et Habitat&Citoyenneté ont fait sur place leur
permanence logement ce matin.
Emotion avec un vieux monsieur du quartier venu apporter 2 caleçons
et des fruits secs . L'appel lancé sur le site du diocèse
a porté ses fruits, nous recevons des dons collectés
par les prêtres.
L'après-midi a été marquée par les
visites de nos amis du MRAP en AG au P.ECO.S. puis par celle de
P. MOTTARD (conseiller général de notre canton)
et D. BOY-MOTTARD, venus apporter le soutien de leur présence,
de leur contribution et de quelques courses bien utiles.
Tous deux, professionnels du droit, ne sont évidemment
pas insensibles au sens de notre combat.
Car, au vrai, nous ne sommes pas là pour la seule mise
à l'abri des réfugiés mais pour leur accès
au droit. C'est ce chemin que nous voulons faire ensemble et la
prochaine semaine sera marquée de ce sceau là.
Les solutions bricolées en Préfecture sans les intéressés
et sans les opérateurs tels qu'ALC et ACTES gagneront sûrement
à être connues...et on se réjouit déjà
de savoir tous les demandeurs d'asile sans hébergement
à l'hôtel ou en foyers dès jeudi prochain
jusqu'à la fin de leur demande d'asile. Vous dirais-je
qu'on veut y croire quand même ?
En attendant, ce soir , un ami médecin est venu tout exprès
de Cannes pour examiner certains de nos amis. Qu'il en, soit fraternellement
remercié ! Teresa, en assistante-infirmière-interprète
fut parfaite.
Ce dimanche, journée mondiale des réfugiés
et des migrants.
" Par cette journée, l’Église catholique
veut rappeler, de par le monde, ses convictions et ses engagements
pour que soient respectés et reconnus dans leurs droits
et dignité les migrants, les réfugiés, les
demandeurs d’asile et tous les hommes et femmes de la migration..."
Chiche !
Demain, comme chaque jour, nous serons sur place. Votre visite
sera la bienvenue. Bonne nuit à Malik et Mathias, nos gardiens
de phare pour cette nuit. Bernard.
Dimanche
17 : 11 h Ricardo embarque les
volontaires pour une récupération fruits et légume
au marché. La récolte est bonne et des bénévoles
et gens de passage aident à l'épluchage . Ce soir
Ricardo a décidé de faire un repas avec tous les
bénévoles et les résidents: Potée
de légume et riz, Angelo fin cuisinier arrive à
la rescousse et promet une Spaghettata al pomodoro pour un jour
prochain . Deux jeunes Afghans arrivent épuisés
et se reposent la journée au PECOS. Le 115 contacté
leur accorde un repas et un hébergement mais ils racontent
comme tous les autres l'errance dans l'inconnu et le manque de
suivi social. Mathieu médecin a remplacé Régis
venu hier. Beaucoup de gastros et de rino mais surtout des migraines
dues à l'anxiété, des états dépressifs
et le médecin devient le confident. Laura a égayé
la soirée avec sa guitare et ses belles chansons. La soirée
se terminent et Ricardo et Christophe qui font la nuit entament
une belote. Un communiqué est proposé dont voici
la teneur :
Occupation du PECOS : UN HEBERGEMENT
POUR TOUS LES DEMANDEUR-SE-S D'ASILE !
La 1° semaine d'occupation des locaux du PECOS par 58 demandeurs
d'asile sans hébergement vient de s'achever. 8 jours consacrés
à la restauration physique et morale de toutes ces personnes.
8 jours pour permettre d'attendre au chaud et dans le calme les
solutions réclamées aux services de l'Etat. 8 jours
où des dizaines de citoyens, médecins, élus,
responsables d'associations, hommes d'Eglise se sont relayés
sur place jour et nuit auprès d'eux. 8 jours durant lesquels
nos hôtes ont fait le choix de ne pas exposer leur situation
au grand public.
En accord avec eux, nous tenons à rappeler qu'il existe
actuellement à Nice 150 demandeurs et demandeuses d'asile
sans toit. Pourquoi ? Parce que le droit à l'hébergement,
prévu pour les personnes en demande d'asile, n'est actuellement
accordé qu'aux familles avec enfants. Cette restriction
porte en elle une vraie discrimination devant le droit d'asile.
Comment, en effet, se préparer aux longues et fastidieuses
démarches conduisant à l'octroi du statut de réfugié
en dormant dans la rue, dans des voitures, dans des halls d'immeuble
? Les faits et les chiffres sont ce qu'ils sont : tout nous montre
qu'une personne hébergée et suivie dans un Centre
d'Accueil pour Demandeurs d'Asile a plus de chance d'obtenir ce
statut qui lui permettra de reconstruire un avenir en France.
L'occupation du PECOS a donc bien deux objectifs d'égale
importance :
- la mise à l'abri des personnes exposées au froid
de l'hiver
- à partir de ce geste de secours élémentaire
: la revendication forte d'un hébergement individuel pour
toutes les personnes en demande d'asile.
Cette précision a valeur de mise en garde pour toute approche
visant à ne traiter que le sort d'une partie de ces réfugié-e-s.
La France ne saurait opérer aucun tri entre eux-elles sur
cet enjeu en forme de droit fondamental.
Lundi
18 : Notre ami Gilbert est un jeune
médecin hospitalier. Il n'est pas seulement doué
pour son art qu'il exerce en hôpital. Ce jeune homme de
31 ans pratique une fraternité endurante auprès
des accueillis qui donnent des signes de malaise personnel et
de frustration forcément aggravés par l'attente.
Ils ont bien sûr du mal à se projeter par exemple
dans un hôtel à la fin de la semaine. De cette attente,
il faudra sans doute faire quelque chose. Alors, on leur a proposé,
"pour se mettre en jambe" de nous accompagner demain
au Cercle de Silence.
Jeudi, les premières solutions devraient tomber. Puissent-elles
avoir un bon goût de crédibilité et d'engagement
de l'Etat dans la durée !
Une nouvelle déception serait dévastatrice. Ils
étaient dans la rue, il y a 10 jours. Ils savent que 27
personnes ont déjà été relogées
(pour deux mois certes et les fameux 30000€ seront consommés)
et ce peut être pour eux un motif d'espoir comme une cause
cruelle de frustration si l'attente se fait trop longue.
Comme j'aimerais vous parler de Tina, scrupuleuse infirmière
du soir, de Michel, généreux et percutant bougon,
de Christophe qui s'adapte avec grâce au bouleversement
de ses journées de travail au PECOS, de Melody, rangeuse
et polyglotte à la fois, de Stéphane, incroyable
d'intelligence et d'ingéniosité et, forcément
de tous et toutes qui ont inscrit le PECOS dans l'agenda de leur
coeur et de leurs tripes ! Sans oublier Ricardo, le cuisinier
volant, ou Alice, jeune étudiante en médecine nous
prêtant stéthoscope et tensiomètre que nous
ne pouvions obtenir par ailleurs. Quelques-uns parmi les nombreux
visages complices de la journée. Christian et Hubert veillent
sur la nuit des 58. Bon repos aux 60. Bernard.
Mardi
19 : message en réponse
à notre mail de ce matin au sous-préfet Fasille.
En voici la teneur.
Bonsoir Monsieur,
j'ai bien pris la mesure de la diversité (pluralité)
des situations des demandeurs d'asile dans le département.Pour
l'heure, nous nous concentrons avec la DDCS (ex DASS) sur la situation
des DA en provenance de l'Est de l'Afrique, car ils n'ont jusqu'à
présent pas été considérés
comme prioritaires pour entrer dans le parc CADA/DHDA compte tenu
de leur statut de célibataire, et certains d'entre-eux
sont d'ores-et-déjà reconnus dans leur statut de
réfugiés, ce qui conduit à chercher leur
proposer des places dans des foyers de jeunes travailleurs plutôt
que des chambres.
Je suis néanmoins tout à fait preneur d'un éclairage
sur la situation des personnes recueillies et recensées
au P.ECO.S. pour continuer à travailler sur des solutions
adaptées à chacun et chacune.Cordialement.Christophe
FASILLE
Je lui ai répondu qu'on lui donnerait une réponse
"éclairée" mercredi en début d'après-midi.
L'attente se fait lourdement sentir dans les yeux et les corps
de nos hôtes. Il va falloir distraire leur légitime
impatience. Hubert y a pensé. Il a trouvé des cours
de récré accueillantes pour des parties de foot.
Ce we, si on est encore là, une balade à la montagne
serait la bienvenue, non? Peut-être la première fois
qu'ils approchent la neige...
Mélody est revenue avec son ardeur à passer l'aspirateur,
tout en re-rangeant ce qu'elle avait rangé hier et en traduisant
dans toutes les langues (ou presque) ce qui avait besoin de s'échanger.
Dans notre entourage, il y en a une qui a ce type d'énergie.
Si, vous savez : Teresa. Mais si, vous connaissez ! Non ? Ah ,
vous n'êtes pas de Nice...
Ce soir, Inge et Andrée ont rempli l'accueil de leur bonne
humeur tandis que beaucoup d'entre nous était à
la réunion générale de RESF.
Une petite souris, nommée Laura, s'est glissée dans
les lieux. Elle joue de la guitare comme personne sur les deux
fronts (Caucase et Corne de l'Afrique) puis s'en va vers le tramway
déposant au passage un sourire discret dans nos yeux éblouis.
Merci à Hubert qui a si amicalement proposé de me
prendre mon tour de garde pour cette nuit. A
demain ? Forcément. Bernard.
Mercredi
20 : Une longue partie de la journée
s'est déroulée dans l'attente d'un autre signe du
sous-préfet ou de qui que ce soit d'autre. Nous lui avons
adressé un nouveau mail destiné à rétablir
certaines vérités chiffrées, rappelé
notre exigence d'un hébergement pour chacun(e) et proposé
une rencontre demain pour ... la remise des clés.
Inlassablement, demain, on relancera la préfecture. On
ne doute pas que des solutions seront proposées. Nous sommes
moins sûrs qu'elles concerneront l'ensemble des plus de
120 personnes privées d'hébergement.
Nos amis africains ont quitté les lieux de 16h à
23h pour laisser place aux cours de théâtre. Une
contrainte qui n'est pas si mal venue que ça : ils ont
besoin de bouger et cela se comprend aisément.
Le P.ECO.S. est une ruche. Ici un-e militant-e apportant un soutien,
là un-e voisin-e venant se renseigner ou encore tous ces
usagers de Vie&Partages ou Habitat&Citoyenneté
qui s'habituent à venir dans ces locaux où nous
avons installé l'accueil des deux assoc. à l'exception
de l'Epicerie Solidaire et, forcément, les va et vient
de nos hôtes.
Il y eut Claudine et ses gâteaux (aux dattes aujourd'hui)
faisant sa visite et sa station quotidienne parmi nous, Carmen
discrètement fidèle à ce mouvement solidaire
de protection. Et puis Angelo, merveilleux compagnon qui veille
sur nos estomacs mais ausi sur certaines situations. Il fallait
le voir tout à l'heure recevoir en italien un Monsieur
Moldave et tout de suite l'emmener à la permanence du COVIAM.
Et Julien proposant des cours de français à quelques
uns ou son frère, Mathias, passant la soirée auprès
des usagers de la Soupe de Nuit servie par les Restos du Coeur
avant de nous rejoindre pour la veille de nuit.
Un merci à la douce Alice, étudiante en médecine,
qui ne s'est pas contentée de nous prêter un stétoscope
et un tensiomètre difficile à obtenir ailleurs;
elle est, elle aussi, de l'équipe de cette 12° nuit.
Un grand mouvement social demain empêchera beaucoup de choses.
On aimerait cependant vous annoncer demain soir l'hébergement
massif et durable de nos hôtes et leur nouveau départ
vers un asile sûr et définitif dans ce pays qu'ils
ont choisi. Bien fraternellement à vous. Bernard.
Jeudi
21 : On va faire court.
On vient de prendre connaissance d'un message du Sous-Préfet
proposant une rencontre demain matin sur le sujet qui nous occupe.
Il sera accompagné des services de la DDCS (ex DDASS) et
nous serons là avec quatre demandeurs d'asile. Il était
temps mais les services de l'Etat ont tenu au moins leur promesse
d'un rendez-vous. L'ambiance est grave parmi les demandeurs d'asile
qui sentent arriver aussi l'inconnu.
On retient donc notre souffle.
Il y a d'autant plus urgence qu'une autre nouvelle est tombée
ce midi : le P.ECO.S., dont une part de l'activité consiste
à sous-louer à des associations les locaux dont
il est le locataire en titre, s'est retrouvé en difficultés
de trésorerie et se devait de quitter les lieux à
la fin du mois de mars. Or, aujourd'hui, pour ne pas aggraver
la dette, il a été décidé de rendre
les clés dès le 31 janvier : celles du Théâtre
et celles des bureaux du 51. Le P.ECO.S. poursuit ses activités
au 53 où se trouvent déjà le PILES, l'association
ARCADE et, juste à côté Habitat&Citoyenneté
ainsi qu'au 38 rue Dabray dont le P.ECO.S. gère l'activité
de salle de réunions.
Cela laisse dix jours pour trouver des solutions de relogement
des occupants. Convenons qu'il s'agit là d'un stimulant
supplémentaire !
Ce WE, Hubert propose d'emmener ceux qui veulent à Gréolières
pour se changer les idées. Si, parmi vous, il en est qui
ont envie de se joindre à leur équipée avec
une voiture, qu'ils et elles le fassent savoir. Merci d'avance.
J'espère ne pas avoir à rédiger une treizième
chronique et je vous redis combien le soutien de tous et toutes
demeure déterminant pour nos ami-e-s demandeur-se-s d'asile.
A demain, donc, sans doute...B.
Vendredi
22 : C'est nouveau pour nous. La
médiatisation n'aura pas été de la partie
depuis deux semaines. Nos hôtes y tenaient. Je sais pas
vous mais, moi, j'aurais bien hurlé devant les caméras.
Ben non ! Ils nous disaient qu'il ne fallait pas. Bons petits
soldats de la démocratie participative, on acceptait. Bof
! Et je leur ai dit mon "bof" ! Rien n'y a fait.
Vous savez quoi : ils avaient sans doute raison. L'absence de
pression a été (cette fois) féconde. On le
vérifiera la semaine prochaine, mais il semble que des
solutions soient proches. On a rencontré ce matin le Sous-Préfet
FASILLE et deux fonctionnaires d'autorité à la DDASS
tout au long de cette matinée.
Echanges de listes, surprise du Sous-Préfet de constater
qu'aucun de nos hôtes n'a été relogé,
travail sur la méthode et, deux heures et demi plus tard,
la réunion accouche d'une intention en forme d'engagement
: progressivement, les demandeurs d'asile sans hébergement
vont accéder à un logis.
C'est une nouvelle porteuse d'un immense soulagement pour nos
amis. Ceux-ci, très dignement, ont demandé que les
premiers hébergements concernent toutes les nationalités.
Dès lundi, une première quinzaine de solutions pourrait
émerger et cela devrait continuer à ce rythme jusqu'à
la fin du mois. Je rappelle que nous devons quitter les lieux
le 31 janvier. Suivra, dans la foulée, la mise à
l'abri des autres demandeurs d'asile (hébergés ici
ou là de manière très précaire). On
demeure attentif au bon déroulement des opérations.
Le WE sera donc plus insouciant. Hubert emmène quelques
uns de nos compagnons d'infortune à la neige. Sur place,
Teresa joue aux cartes et ne résiste pas à un rock
torride. Radija remplit les lieux de son rire libéré.
Guy veille derrière le comptoir de l'accueil à ce
que la dérision s'invite à nos partages. Christian
est là, discrètement vigilant sur le fonds de nos
revendications, tout en se mettant au service : ce matin, ni le
chauffeur habituel de notre Epicerie Solidaire ni moi (préfecture
oblige) ne pouvions conduire jusqu'à la Banque Alimentaire
(et retour) la camionnette digne de Louis La Brocante. Qui s'en
chargea ? Christian pour qui, on le sait, conduire un véhicule
à quatre roues est un supplice. Merci à lui !
Durant les prochains jours, votre soutien demeure nécessaire.
Il y a des permanences à tenir en binômes ( 8/13
. 13/18 . 18/23 . la nuit).
On accompagne jusqu'au bout toutes ces personnes dignes de toit,
ok ? C'est un vrai plaisir de vous savoir là autour de
droits si fondamentaux.
Dernière ligne droite ! Gaffe à pas foncer dans
le décor ! Amicalement - Bernard.
Samedi 23 et dimanche 24 : Dernière
semaine au 51, rue Clément ROASSAL pour les soixante exilés
du Soudan, du Tchad, de Somalie, d'Erythrée, de Tchétchénie
et de Russie. Semaine aussi de tous les dangers.
Si le Préfet et la DDASS ne sont pas en capacité
de tenir leurs promesses, on assistera à une colère
à la mesure du sage et patient silence observé par
ces hommes. Demain, le premier signal sera donné avec les
quinze premiers départs vers des hébergements. Confiants
et inquiets tout à la fois, nous attendons ce premier geste.
Les visites d'amis se poursuivent. Hier, c'est le conseiller général
du canton, Patrick Mottard, qui a fait les courses et espéré,
comme nous, ne pas avoir à revenir la semaine prochaine.
Inlassables soutien de tous les combats pour la dignité
humaine, Annie et Aloys, sont passés tout à l'heure,
les bras chargés (vous les connaissez : ils ne savent pas
faire autrement). Jolies rencontres avec la merveilleuse Lolita
venue mettre ses 17 ans de lycéenne au service de nos permanences
et Eve, artiste peintre, gagnée à la cause par l'ami
Mathias. Celui-ci partage la veille de nuit avec Luc qui sait
si bien être là quand il le faut. Les deux dernières
nuits, Gérard, Hélène et Michel étaient
de service. Et aujourd'hui, Tina et Manu ont beaucoup porté
l'accueil et les soins à chacun.
La santé passe aussi par une alimentation et celle-ci n'est
pas toujours équilibrée. Tout apport de protéïnes
sera le bienvenu.
Hubert a emmené une douzaine de nos hôtes à
la neige pour une première rencontre avec cet élément
qui a fabriqué des souvenirs en forme de glissades insouciantes
et de boules de neige amicales.
Voyez comme ce collectif d'accueil, inexistant il y a deux semaines,
fait des merveilles !
Les ami-e-s, il nous faut poursuivre tout ceci jusqu'à
dimanche prochain. Nous manquons de nourriture et de volontaires
pour les permanences de jour et de nuit.
Et après, rien n'est fini : dès la semaine d'après,
il nous faudra reprendre la lutte (c'en est une) pour l'hébergement
des dizaines d'autre personnes encore en rade dans des solutions
de fortune. Des engagements ont été pris et on veut
y croire. Mais on ne sait jamais. Qu'on ne s'y trompe pas, l'hébergement
des demandeurs d'asile sans enfant est aussi attendu ailleurs
comme un droit qui s'appliquera sur tout le territoire national.
Lundi 25 :
A 17h, ce soir, nous n'avions toujours
pas de nouvelles des services de l'Etat. Il nous a fallu appeler
le sous-préfet pour que la DDASS nous rappelle vers 18h.
Alors quoi ?
1°/ Le Secours Catholique est en charge, semble-t-il, des
opérations de relogement des occupants du 51, rue Clément
Roassal. Nous ne le savions pas et nous nous en étonnons
sans nous en désoler.
2°/ 17 situations seraient en cours de traitement, en application
des engagements de vendredi dernier. On nous dit que 2 personnes
hébergées en hôtel pourraient rejoindre Emmaüs
et libérer ainsi deux places. Formidable ! Les intéressés
seront sûrement, comment dire... intéressés
de passer de l'hôtel à la communauté de travail.
Nous voilà donc à la tête de deux chambres
d'hôtel potentielles. On fait quoi ? Une loterie ? Et pour
les 56 qui restent au 51 rue Roassal ? Et pour les dizaines d'autres
demandeurs d'asile sans hébergement ?
3°/ Mauvaise nouvelle : la gestionnaire du Théâtre
Le Village a décidé, alors que rien ne l'obligeait
à un calendrier si inhumain, de venir récupérer
des matériels et à couper les fournitures en électricité
jeudi. Autrement dit : jeudi matin, tout le monde doit être
parti. Il va de soi que ceci constitue une pression supplémentaire
sur une situation particulièrement tendue. Nous ne pouvons
bien sûr accepter que la récupération de matériel
mette en péril des dizaines de personnes. Nous lui proposerons
demain de différer son geste assurément irréfléchi.
4°/ Les demandeurs d'asile hébergés au 51 s'adresseront
ce mardi à l'opérateur du relogement des premières
17 personnes promises à une solution. Il leur restera à
s'assurer que tous les autres auront été relogés
dimanche prochain. Et à nous, qui veillons sur leur droit,
d'y apporter notre contribution militante.
5°/ A défaut, vous sentez bien ce qui peut germer dans
l'imagination des militant-e-s... Notre passé tient lieu
de promesse à de nouveaux actes qui troubleraient (nous
ne le souhaitons pas) l'ordre public.
6°/ Et comme nous sommes toujours à la recherche constructive
d'une sortie de crise, nous venons de contacter une auberge de
jeunesse sans doute inhabitée durant l'hiver (le CLAJ de
CIMIEZ que personne n'avait songé à solliciter jusqu'à
vendredi dernier) pour savoir ce qui pourrait être fait
de ce côté là...
Le rédacteur de la présente chronique trempe à
présent sa plume dans le miel en se souvenant des jolies
rencontres de la journée (Alice, Prune, François,
Claudine, Tina, Manu, Radija, Michel, Teresa, Sylvie, Khava, Kheira,
Angelo, Inge, Ricardo, Malik, Barbara, Odile, Paulo, Christophe,
Luc, Michel et combien d'autres militants dont la liste n'est
pas exhaustive et qui viennent ici chaque jour par dizaines),
des beaux soutiens vigilants d'aujourd'hui (Bruno DUBOULOZ et
le Sénateur PS Marc DAUNIS) et des demandes insistantes
d'interview de deux radios et d'un journal...
Nos amis réfugiés préparent leur imaginaire
à un lit entre quatre murs, un écrin pour leurs
souvenirs et leurs projets. Qui osera décevoir cette si
modeste et si digne attente ?
Bernard - scribe accroupi mais bientôt debout.
Mardi 26 :
On espérait et on attend encore des nouvelles positives
sur le front du relogement de nos hôtes. La journée
n'a rien apporté de neuf.
On le savait déjà : deux places sont proposées
par la communauté Emmaüs à des demandeurs d'asile
sous EURODAC (c'est à dire : susceptibles de réadmission
dans un pays de l'Union Européenne où ils ont déjà
déposé leurs empreintes). Deux autres concernent
des réfugiés statutaires ou des demandeurs d'asile
bénéficiant de l'Allocation Temporaire d'Attente
de 320€ par mois qui sont invités à rejoindre
un lieu de vie animé à Sospel par l'association
MIR.
Le Secours Catholique a exprimé à certains des accueillis
au PECOS qu'il n'était nullement en charge de leur relogement
alors même que la DDASS les avait orientés à
tort vers lui. Allez comprendre...Du reste, il n'y avait aucune
raison de faire peser sur cette association la responsabilité
d'une si vaste opération. Merci à elle pour ce qu'elle
a fait jusque ici.
C'est désormais la DDASS qui est à la manoeuvre
et elle nous l'a fait savoir. On aurait été rassuré
par des promesses tenues en ce qui concerne le calendrier des
opérations qui doivent s'achever le 31 janvier pour les
seuls occupants du PECOS. 4 solutions en deux jours alors qu'il
reste plus de 50 personnes à reloger dans les trois prochains
jours et des dizaines d'autres très vite, voilà
qui donne matière à doute.
Restent l'espoir et l'engagement de l'Etat. L'un dans l'autre.
Le 31 janvier, donc !
Le théâtre, finalement, devrait être démantelé
un peu plus tard pour permettre à nos résidents
de demeurer sur place en sécurité jusqu'au 31 janvier.
Merci à Bernadette pour sa compréhension et sa solidarité.
On a conscience, évidemment, de bouleverser les projets
des uns et des autres. Merci aussi à Deniz, responsable
d'une association qui avait ses habitudes sur place. Au cours
de ces deux semaines, elle a subi un préjudice qu'elle
ne méritait évidemment pas. La solidarité
de notre collectif le réparera sans délai.
Les visites se font plus nombreuses et parmi elles, aujourd'hui,
celle de notre ami Bruno DUBOULOZ, inquiet comme nous pour le
sort des réfugiés, puis celle d'Aurélie BONAVITA,
assistante parlementaire, dépêchée sur place
par le Sénateur Marc DAUNIS. Le parlementaire est intervenu
en faveur de nos hôtes dés le début de leur
accueil au PECOS.
Un merci tout spécial à Karine qui a vaillamment
lutté ce soir contre la fatigue pour une mise au point
informatique de toutes les situations recensées. Bonne
nuit à Hélène et Gérard croisés
ce soir à 23h alors qu'ils venaient prendre fidèlement
leur tour de garde.
Restons calmes, tenons bon et n'ajoutons pas notre inquiétude
(légitime) à l'angoisse bien réelle de nos
amis ! A demain. Bernard, pour le collectif d'accueil des demandeurs
d'asile.
Mercredi 27
: Alos que s'amorce la 19° journée dans les
locaux du PECOS avec une soixantaine de demandeurs d'asile, nous
voici avec un écho de la 18°.
Hier, un échange de mails avec le sous-préfet fait
apparaître ce qui suit :
1°/ Notre réunion à la Préfecture, la
semaine dernière, a fait l'objet d'un traitement par "le
comité de suivi de la situation des demandeurs d'asile
de la Corne de l'Afrique" lundi 25 janvier. On rappelera
utilement que nous avons présenté au sous-préfet
la situation des demandeurs d'asile sans hébergement et
que notre combat citoyen se situe sur le terrain du droit, pas
sur celui de l'origine géographique... C'est sans doute
ce qui explique que nous ne soyons pas conviés à
ce "comité de suivi".
2°/ Il nous annonce que 5 opérateurs associatifs sont
actuellement en capacité de proposer des hébergements
: ADOMA (ex Sonacotra) qui propose 3 places à Nice et Saint-André
à des réfugiés statutaires qui étaient
logés par le Secours Catholique et qui ont refusé
ces hébergements ; l'association MIR qui propose deux places
dans son lieu de vie de Sospel pour des demandeurs d'asile bénéficiaires
de l'Allocation Temporaire d'Attente ou pour les réfugiés
statutaires ; la paroisse catholique de l'Ariane qui propose trois
places ; Emmaus qui dispose encore d'une place pour un demandeur
d'asile menacé de réadmission dans un autre pays
de l'Union Européenne ; API Provence qui disposerait de
quatre hébergements pour un total de 11 personnes. Ces
20 places disponibles s'ajoutent donc aux 29 hébergements
hôteliers assurés par le Secours Catholique. Nous
avons adressé à la Préfecture la liste des
personnes présentes au PECOS et il ne serait pas anormal
que l'ex-ddass se rapproche du seul lieu officiel où toutes
ces personnes sont connues, recensées, suivies et domiciliées
: la plate-forme d'accueil des demandeurs d'asile ALC. Un collectif
de citoyens n'a pas à se substituer à ce service
associatif subventionné non plus qu'à opérer
une sélection et des priorités entre des demandeurs
d'asile que nous inviterons, eux aussi, à se rapprocher
de la plate-forme. En revanche, rien n'empêche que les entretiens
d'orientation se déroulent sur l'actuel lieu de vie de
ces personnes : les murs du PECOS.
A ce jour, parmi les accueillis au PECOS, seul un couple avec
des soucis de santé a trouvé un refuge il y a plus
de deux semaines en hôtel sur le contingent géré
par le Secours Catholique et financé par les 30000€
débloqués à la hâte en décembre
dernier.
20 personnes relogées ces jours-ci, nous dit-on. Fort bien.
Et lundi on n'est plus dans les locaux. Nous avons redit bien
sûr au sous-préfet qu'il nous était insupportable
et donc impossible d'orienter les 40 qui resteront vers un parking
ou des épaves de voiture... Cela se tend !
Bernadette, la responsable du théâtre, a différé
les très gros travaux de démantèlement de
ses équipements et la journée de ce jeudi ne sera
donc pas affectée par ce souci. L'accueil se poursuit donc
jusque lundi matin. Merci de maintenir vos visites, vos permanences
et, le cas échéant, votre capacité de mobilisation.
Hier soir, Saloua, demandeuse d'asile elle aussi, nous a préparé
un savoureux couscous géant. Merci à elle. Et merci
à ceux et celles qui se sont relayés aux permanences
toujours si nombreux et chaleureux. Parmi les visiteurs : des
amis de la cathédrale de Monaco venus les bras chargés
de victuailles ; c'est leur deuxième visite. Michel et
Hubert ont veillé sur la nuit des lieux après notre
réunion d'hier soir centrée sur la suite à
réserver aux débuts de propositions de l'Etat.
Bonjour à vous et à très vite. Bernard pour
le Collectif d'Accueil au PECOS.
Jeudi 28 :
Il va falloir vous habituer, la DDCS, c'est la DDASS de 2010 :
Direction Départementale de la Cohésion Sociale.
Ce matin, alors que l'humble rédacteur de ce rapport était
encore en pyjama (version pudique de son accoutrement post nocturne),
voici que Mesdames BUFFA et ROUSSEL, toutes deux fonctionnaires
d'autorité de la-dite administration, s'annonçaient
devant notre CADA (Centre d'Accueil pour Demandeurs d'Asile) de
fortune. Imaginez sa confusion.
Cheveux en bataille et chaussettes à l'envers,
le voici ventre à terre devant les fonctionnaires
(cette chronique manquait d'alexandrins).
Une rencontre avec nos hôtes puis une réunion ont
permis de confirmer la réalité des promesses d'hier
: 20 places à ce jour sur les 60 nécessaires. Mais
la semaine n'est pas terminée... On ne peut rien dire de
plus ici sur l'effectif des relogés. Sur la méthode,
on a obtenu gain de cause : il est naturel que la Plate-Forme
ALC des demandeurs d'asile se charge de l'orientation de ses usagers
et nous convenons de faciliter cette relation des occupants du
PECOS avec ALC. On ne se voyait vraiment pas faire un tri entre
les candidats à l'hôtel et les promis au parking.
Insistons sur le fait que nous étions là en contact
avec des fonctionnaires pour lesquelles nous avons une réelle
estime.
Allez, on va rester confiants. Tout en mettant la dernière
main à un communiqué de presse... Vous nous voyez
remettre les gens à la rue lundi matin ?
Oubli d'hier : l'échange amical de mails avec Mgr SANKALE,
évêque de Nice, qui a exploré, à notre
demande, la piste d'un bâtiment inoccupé et connu
de lui du côté de Sainte-Marie. Sans entrer dans
les détails, disons qu'il n'y a rien à espérer
de ce côté-là. Merci cordial à lui
d'avoir pris les contacts nécessaires et mis son autorité
au service de cette recherche.
Journée bousculée et somme toute assez joyeuse ponctuée
par la rencontre en fin d'après-midi avec l'ami Eric, responsable
d'un CADA à l'Ariane et toujours bienveillant pour nos
aventures. Un professionnel exigeant à la "sagesse"
reconnue d'emblée par l'une de nos jeunes militantes.
Envie de parler de Kheira et Goulia. La première est stagiaire
à Habitat&Citoyenneté et a trouvé sa
place dans cet aimable chaos. Elle va et vient d'une personne
à l'autre, d'un service à l'autre, avec la redoutable
efficacité de son sourire et de son regard.
Délicieuse échappée de Samarkhande et Tachkent,
Goulia est depuis lundi la médiatrice linguistique de la
même association. Et on la voit chuchotant des vérités
essentielles dans les deux langues (russe et français)
pour la plus grande gloire d'une communication réussie
entre des mondes si lointains.
Pedro nous est venu, ce soir. Le chaleureux collaborateur du groupe
PC au Conseil Général avait le coffre plein de victuailles
et le coeur lourd des violences subies la semaine dernière
lors d'une manif où l'on osa moquer le prince...
Des nouvelles, du côté de RESF, de Marie-Claire,
sortie de l'Hôpital et rageant de ne pouvoir être
avec nous.
Et puis, ce soir, visite à Melaine et Mathias, veilleurs
militants, pour leur annoncer le retour dans la nuit de notre
ami Aboubacar introuvé à Saint-Roch mais rassuré
sur son pépin de santé de tout à l'heure.
Dormons bien. On risque d'en avoir besoin. Plus que cordialement
avec vous. Bernard pour le Collectif d'Accueil au PECOS.
Vendredi 29
: Voilà. Nous y sommes. Trois semaines de présence
sur place. A 15h, Christiane ROUSSEL, en qui nous avons confiance,
vient, au téléphone, à notre rencontre. Elle
s'exprime au nom de la DDCS (ex DDASS). Elle nous confirme ce
que nous savons déjà (une petite dizaine de places
à pourvoir à Emmaüs, MIR, ADOMA, Paroisse de
l'Ariane) et propose 13 hébergements hôteliers à
prendre de toute urgence. 45 minutes pour décider en raison
de son emploi du temps professionnel. On avait pourtant décidé
de refuser ce rôle de sélectionneur au profit de
la plate-forme des demandeurs d'asile d'ALC. Pas le temps de passer
le relais, nous dit-on. Nous sommes là, Michel A. et moi
à une heure où il y a peu de gens sur place. Alors,
il faut faire vite, bien et juste. On fait ce qu'on peut et, une
petite heure plus tard, nous livrons, après concertation
avec les présents, une liste de noms à Madame ROUSSEL.
Notre sentiment : celui d'être sûr d'avoir mis à
l'abri des demandeurs d'asile qui seront à l'hôtel
dès lundi.
Quelques minutes plus tard, la permanence RESF commence, comme
chaque vendredi, avec son lot de gestes immédiats, de confidences,
de conseils. J'abandonne Michel A. (merci à lui) qui doit
alors expliquer aux absents qu'ils auront leur tour d'hébergement,
mais plus tard, et aux copains militants, revenus sur place, que
le principe de réalité (la nécessité
de fournir des réponses à la DDCS) l'a emporté
sur la réalité d'un principe (le recours logique
à ALC pour ces opérations qui concernent quand même
ses usagers).
Réunion générale, baignée de compréhension,
ce soir, avec les deux "communautés de vie".
On nous sait de bonne volonté. Ouf !
Il reste que, lundi, la journée risque d'être longue
si on veut loger les 40 encore en rade. Madame ROUSSEL invoque
à bon droit le Carnaval à Nice et le MIDEM à
Cannes. Nous invoquons, nous, une échéance et une
exigence qui s'appliquent à tous nos hôtes. Ils ne
dormiront pas à la rue : ça c'est une volonté
en forme de certitude.
Le week-end doit être consacré à la détente.
Que ceux et celles qui veulent s'y employer nous rejoignent pour
partager ces rires complices qui font le creu nécessaire
de nos combats.
Editorial de Mgr SANKALE sur les demandeurs d'asile dans le magazine
diocésain de ce mois. L'Evêque de Nice a su trouver
les mots pour dire combien l'Eglise est la maison du réfugié.
Bonsoir à vous. Bernard pour le Collectif d'Accueil au
PECOS.
Samedi 30
: Samedi particulièrement serein. Les murs du PECOS
étaient, hier, d'un calme presque annonciateur d'un prochain
départ.
Sauf que, les amis, jusqu'au bout, il nous faut demeurer sur le
pont. Hier matin et une bonne partie de la journée Teresa
était bien seule derrière son comptoir d'accueil.
Occupé par la permanence logement le matin puis à
l'Epicerie Solidaire l'après-midi, j'étais bien
peu disponible.
Rencontres politiques hier. Emmanuelle Gaziello, qui était
déjà venue avec les copains et copines du PC apporter
à notre initiative citoyenne le soutien de son parti en
actes et paroles publiques, a pris des nouvelles auprès
de l'un d'entre nous. Elle nous redit la possibilité de
nouvelles interventions de son parti auprès de qui de droit.
Et on se souvient que, dès les premiers jours, elle était
venue prendre son tour de garde.
Visite aussi de militant-e-s Alternatifs, NPA et associatif-ve-s
engagé-e-s dans la liste régionale emmenée
dans le 06 par Florence Ciavarola. Il y avait là des copains
de Marseille avec qui on échangea sur les mérites
comparés des deux cités en matière d'accueil
de l'exilé...
Michel et Hubert ont dormi sur place.
Hubert est à nouveau partant pour une sortie à la
montagne. Automobilistes militants, vous pouvez le rejoindre dans
sa neigeuse équipée.
Contactez-nous ce matin au 06 68 59 81 59. Petite annonce : le
même Hubert recherche deux luges en plastique; qui pourrait
les donner ?
Demain, une petite vingtaine de nos hôtes vont rejoindre
leurs nouveaux lieux de vie. Des véhicules seront peut-être
utiles pour certains accompagnements. Dernière journée
au PECOS. Pour eux...
Lundi est un autre jour dont on parlera ce soir (cette nuit...)
dans cette petite chronique, si vous en êtes d'accord. Bon
dimanche à vous et bien amicalement. Bernard pour le Collectif
d'Accueil au PECOS.
Dimanche 31
et lundi 1er : 23 jours que des citoyens et citoyennes
se sont auto-saisis de la situation insupportable des demandeurs
d'asile sans hébergement à Nice. 23 jours de mise
à l'abri, d'accompagnement, de soins et de vie ensemble
24h sur 24.
23 jours d'attente (de plus) loin des caméras, des appareils
photos et des reportages écrits.
23 jours de dialogue avec les services publics qui doivent un
toit à ces personnes venues de partout dans le monde pour
demander asile à la France.
23 jours de confiance des intéressés.
23 jours de patience militante.
Il y a dix jours déjà : promesses de sous-préfet
pour les réfugiés du PECOS comme pour tous ceux
et toutes celles qui, ailleurs, vivent sans hébergement,
leur demande d'asile. Résultat à ce jour : une chambre
d'hôtel vendredi dernier et les 12 places convenues à
Golfe-Juan pour demain. Début de preuve de la bonne volonté
des pouvoirs publics auxquels nous demandons dès demain
une volonté qui s'étendra à tous les occupants
du PECOS avant jeudi et aux autres au plus vite. On confondrait
à tort notre capacité de dialogue constructif avec
un renoncement au droit.
L'Etat a ses contraintes, les demandeurs d'asile un droit et calendrier
implacable : le PECOS a prolongé son accueil jusqu'au démantèlement
total du Théâtre (parquets, lumières etc.
ce jeudi).
Les moyens existent. A Angers, ville plus modeste en taille que
la capitale azuréenne, des millions d'euros ont été
débloqués en pareilles circonstances.
En attendant, les ami-e-s, on se trouve bien seul-e-s ces deux
derniers jours pour gérer le quotidien. Continuez, si vous
le pouvez, de tenir les permanences de 8h/13h, 13h/18h, 18h/23h,
la nuit.
Claudine vient d'appeler pour demander combien on serait demain
pour déguster ces gâteaux presque quotidiens. Michel
A. et Mathias, fidèles parmi les fidèles, sont là
ce soir et le premier passera ici une nuit encore. Merci à
eux !
Bonsoir à vous. Bernard pour le Collectif d'Accueil des
demandeurs d'asile.
Mardi 2 :
"Anne, ma soeur Anne , ne vois-tu rien venir ? Je
ne vois que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie"...
Le croirez-vous ça ? Les occupants du studio promis vendredi
dernier sont toujours au P.ECO.S. Pourquoi ? On n'arrive pas à
trouver quelqu'un pour signer le chèque de réservation...
Le croirez-vous ça ? Les 10 occupants des 5 chambres promises
à Golfe-Juan sont toujours au P.ECO.S. Pourquoi ? Les propriétaires
de l'hôtel en vente ne sont plus d'accord pour louer des
chambres.
Le croirez-vous ça? Nos amis réfugiés avaient
préparé leur valise et n'en reviennent pas de ce
qui leur arrive.
Au vrai, nous non plus ! Le mot technique dans ces cas là
est : "ras le bol !" Alors, incessamment, nos amis nous
demandent de les accompagner à la Préfecture. Ils
ont raison non ? Et puis , on y sera nombreux, hein ? Merci de
regarder vos mails demain (mercredi) !
On dirait bien qu'on entre dans la phase, trop longtemps différée,
de la médiatisation. On ne pourra pas nous reprocher d'avoir
tout tenté sur le terrain de l'amiable, jusqu'à
faire violence à certaines de nos énergies militantes.
Rapprochements utiles :
- en octobre 2007, à notre expulsion de la Maison Blanche,
56 places ont été trouvées en une après-midi
- à Angers, ces temps-ci, on apprend que 2 millions d'euros
ont été débloqués pour loger les demandeurs
d'asile sans hébergement. Les 30000 € discrètement
alloués à une association en décembre dernier
pour le même objet font figure d'aumône...
Voilà bien le problème : on ne demande pas la charité.
La charité, vous savez, c'est un peu comme la tolérance,
il y a des maisons pour ça ! (Paul Claudel). Non, nous
nous battons pour un droit qui doit s'étendre à
tou-te-s les demandeur-se-s d'asile privé-e-s d'un toit,
sans distinction de situation familiale, d'état de santé,
d'âge, de sexe ou de nationalité. Un droit ! Voilà
tout !
Et c'est pourquoi, ce soir l'ami Martial est venu tenir la permanence.
Et c'est pourquoi, Mathias se dévoue pour la nuit.
Merci, les ami-e-s, de continuer à proposer votre aide
pour le quotidien de ce lieu de vie qui a besoin de chacun-e de
nous. Bien fraternellement.
Bernard pour le Collectif d'Accueil des Demandeurs d'Asile (C.A.D.A.
en somme...).
Mercredi 3
: Deux de nos amis, soudanais, ont enfin rejoint le studio
de Golfe-Juan. Merci à Hubert de les y avoir conduits.
Ils auront besoin des amis du secteur d'Antibes pour les soutenir
(accès au cours de français, à la nourriture,
aux soins etc.).
Nous aurons tout à l'heure l'association Mir au téléphone
pour quatre places et on nous a proposé une place dans
une chambre déjà occupée par deux personnes
dans un hôtel "douteux". Point final pour les
hébergements d'hier.
Nos amis d'Amnesty International prennent l'initiative d'une conférence
de presse sur ce sujet mardi prochain. Communiqué vigoureux
du MRAP au cours de la journée. Veillée d'armes,
hier soir, au PECOS. Le matériel militant a été
préparé avec le talent qu'on leur connait par Stéphane
et Guy.
Voilà pour l'essentiel de l'actualité à quelques
minutes de notre manifestation devant la Préfecture.
Merci
- aux élu-e-s de nous rejoindre avec leurs écharpes
- à la presse de relayer cette mobilisation
- à vous tous et toutes de montrer aux autorités
la détermination de citoyen-ne-s indignés
- à vous encore d'exprimer à nos amis la solidarité
dont ils ont tant besoin.
A 9h au PECOS pour l'embarquement par les copains et copines véhiculés
et, sur place, à 10h. Inch Allah ! Bernard, pour le Collectif
d'Accueil des Demandeurs d'Asile.
Jeudi
4 : Notre manifestation à la Préfecture a
fait son effet. La presse était au rendez-vous et merci
à Bob INJEY et Emmanuelle GAZIELLO pour leur présence
au nom du PC06.
L'occasion d'une nouvelle rencontre avec Monsieur le Sous-Préfet
FASILLE qui, flanqué de deux fonctionnaires de la DDCS,
nous confirme son embarras devant les loupés : des hôteliers
qui changent d'avis, des hôtels pris d'assaut par les carnavaliers,
une explosion des demandes d'asile dans le département.
On évoque une extension du domaine de la lutte par une
recherche d'hébergements au delà des frontières
départementales, voire au niveau national. Espérons
quand même qu'on n'en sera pas réduits à prospecter
des hôtels au Darfour ou à Grozny...
Une solution collective n'est toujours pas exclue et on en profite
pour rappeler l'opportune présence d'un hôtel vide
à 50 m du PECOS...
Toujours est-il qu'il est convenu de recevoir très vite
sur place le haut-fonctionnaire qui, dans l'après-midi,
vient à notre rencontre. Il redit ce qu'on savait déjà
mais en direct aux occupants des lieux. Cet homme a le goût
du contact et le désir d'aboutir. Sauf que ...
Mustapha, le sage porte-parole du groupe, et Musti, son jeune
compatriote somalien, ont été très gentiment
accueillis ce soir dans un appartement au coeur du presbytère
de l'Ariane. Ils ont chacun une petite chambre où va enfin
pouvoir s'amorcer le repos du corps et de l'esprit en dehors de
la promiscuité. Bonne et douce nuit à nos deux merveilleux
compagnons dans leur nouveau lieu de vie ! Demain, deux personnes
devraient rejoindre MIR Sospel. Merci au bougonnant Michel d'avoir
assuré l'accompagnement à l'Ariane et de se préparer
à un départ pour Sospel. A Golfe-Juan, Adam et Hassan
ont passé leur première nuit. Des ami-e-s du secteur
vont entrer en contact avec eux très vite.
A noter encore une proposition généreuse de financement
d'un certain temps d'hébergement par une communauté
religieuse de Nice. Nous en dirons plus après avoir eu
le contact.
Les quelques départs font, c'est normal, des envieux. Teresa
a passé une bonne partie de l'après-midi à
expliquer l'inexpliquable. "Et moi, c'est pour quand ?"
"Pourquoi il est hébergé, lui, qui est arrivé
après moi en France?" "Pourquoi plus de telle
communauté que de telle autre ?" Autant de questions
qui appellent patience et pédagogie. Nos réponses
finissent heureusement par rencontrer la compréhension.
Demain encore, un lit à prendre dans une chambre de 3 et
un T2 pour 3 à Antibes. A ce rythme de 2 à 5 par
jour, on en a, en considérant les seuls jours ouvrables,
pour 2 à 5 semaines. Pas possible ! Il nous faudra sans
doute exhiber à nouveau les pancartes et banderoles de
ce matin.
Merci à Mathias de prendre si souvent la garde de nuit
et à tous ceux qui se dévoueront pour cette veille.
Continuons de nous retrouver sur place pour quelques minutes ou
quelques heures, d'accord ? Et spécialement le dimanche
! Les propositions de balades sont les bienvenues.
Bonsoir à vous en direct du PECOS. Bernard, pour le Collectif
d'Accueil des Demandeurs d'Asile.
Samedi 6 :
Aujourd'hui, cinquième samedi au PECOS ! Hier, vendredi,
personne n'a quitté les lieux et aucune nouvelle annonce
d'hébergement n'a été faite. La vie s'organise
forcément autrement depuis le départ de ceux qui
exerçaient la fonction difficile de porte-parole, Adam
et Mustapha. De nouvelles voix se font entendre et c'est bien.
Les départs très ponctuels continuent de générer
de la frustration et on le comprend car choisir c'est exclure...
Les médiations linguistiques de Meryl, Radija et Goulia
(anglais, arabo-stéphanois et russe) furent grandement
utiles. Merci à elles trois pour la justesse de leur présence
et de leur parole.
Nous portons assistance à des personnes en danger et nous
revendiquons pour tous leurs pareils (les plus de 100 demandeurs
d'asile encore sans hébergement) une égalité
de traitement avec les familles en demande d'asile. Les familles,
à leur arrivée à Nice pour demander l'asile,
sont prises en charge à l'hôtel (le DHDA de la Fondation
ACTES) suite à une orientation par la Plate Forme (service
public délégué à l'association ALC).
Nous n'avons pas à nous substituer à ce dispositif
de prise en charge et nous avons demandé à Monsieur
le Sous-Préfet de convaincre les
opérateurs en question de traiter comme il se doit l'orientation
de leurs usagers célibataires vers les hébergements
qui seront trouvés.
Le sursis accordé par le PECOS n'ira pas, pour la partie
"théâtre" des locaux, au delà de
quelques jours et nous croyons savoir que l'asssociation vient
d'envoyer un courrier recommandé à notre Collectif
et à la Préfecture pour le rappeler. Alors ? Alors,
ce samedi soir, réunion plénière à
19h30 pour débattre de la stratégie à adopter.
Deux demandes en ce début d'après-midi :
- y en a-t-il parmi vous qui voudraient emmener quuelques uns
de nos amis caucasiens et africains en balade demain dimanche
?
- on aurait besoin de médicaments pour traiter des rhino-pharyngites
- on est toujours demandeurs d'agneau et de poulet, de pommes
de terre et de légumes, de fruits et de thé...
A votre bon coeur et merci ! Bernard, pour le Collectif d'Accueil
des Demandeurs d'Asile.
Dimanche 7 :
Un petit groupe part à la neige mais on sent le désespoir
envahir les résidents à qui on a tant promis et
qui sont toujours là .Nous avosn besoin de vous encore
plus .Il a été décidé de creer un
comité de pilotage pour determiner les actions et l'organisation
à venir .Faites nous signe.
Lundi 8 et mardi
9 : 29° et 30° journées au PECOS processus
en panne. Les engagements des services de l'Etat se limitent,
à ce jour, aux 34 demandeurs d'asile hébergés
sur 150 (parmi ceux-ci : 7 hébergements pour les occupants
du PECOS) Au PECOS se morfondent une bonne cinquantaine d'exilés,
de naufragés, d'oubliés. Le désespoir de
certains de ces jeunes hommes étreint les plus solides
d'entre nous.
C'est pourquoi nos ami-e-s d'Amnesty International ont convoqué
aujourd'hui une conférence de presse où des journalistes
de quatre rédactions sont venus poser de bonnes questions
devant une assemblée dans laquelle on reconnaissait des
représentants d'ADN, de la CIMADE, de la LDH, du MRAP,
de Médecins du Monde, de RESF 06, du Secours Catholique
et de Vie&Partages.
On verra ce qu'il en résulte.
Quoiqu'il en soit, on voit bien que notre mouvement entre dans
une phase nouvelle marquée, semble-t-il, par deux phénomènes
: la montée en puissance de son exposition publique (au
niveau local comme au niveau national) et la structuration de
son organisation avec la mise en place d'un comité de pilotage.
La semaine prochaine, zone de turbulences avec le démantèlement
du Théâtre qui rendra inconfortable voire impossible
le maintien dans des lieux privés de parquet, de cumulus
d'eau chaude et d'une partie de l'installation électrique.
Et le 28, vous le savez, on doit partir en application d'une mise
en demeure du PECOS adressée à notre collectif mais
aussi à la Préfecture. L'association appelle de
ses voeux un traitement attentif et urgent des attentes d'hébergement
des occupants des lieux.
Après deux jours sans visites ou presque de militant-e-s,
ceux-ci et celles-ci ont repris le chemin du 51 rue Clément
ROASSAL. Nous vous demandons de faire le maximum pour venir sur
place et poursuivre la ronde des permanences ( y compris la nuit).
Votre présence a valeur de réconfort et de soutien
pour la suite...car il y aura une suite ! Il existe une unaninimité
sur la volonté de ne laisser personne regagner la rue,
les parking, les voitures abandonnées, les hébergements
de fortune. Autrement dit, nous ne manquerons pas d'occupation(s)
dans les temps qui viennent. Un salut reconnaissant à ceux
qui sont là cette nuit aux côtés de Mathias.
Nos encouragements à Claudine qui coproduit chaque jour
avec l'un des demandeurs d'asile des "spécialités
maison" pour demandeurs de gâteaux savoureux. Ce rituel
culinaire fait du bien à chacun-e.
Nous sommes trés inquitets pour Ali qui ne va pas bien
du tout demain Médecins du monde vient visiter tous le
srésidents de plus en plus déprimés.
Jeudi 11 :
Chers amis, nous entrons dans la 32° journée au PECOS.
La chronique habituelle des mille et un gestes de partage et des
infos du jour laisse place à un
courrier que je livre à la lecture de ceux et celles
qui ne l'auraient pas reçu par ailleurs.
Ce courrier a été également adressé
à Paris (Présidence et Ministère de l'Immigration)
et je m'apprête à le porter à la connaissance
des parlementaires et autres élus concernables. Amitiés
et à ce soir pour la reprise du"direct du PECOS".
Bernard.
Vendredi
12 : en ce vendredi, Michel Vauzelle, Président
PS de la région PACA, inaugurait sa permanence à
Nice. Nous nous sommes donc rendus, banderole déployée,
à cette cérémonie afin de prendre contact
avec lui. Une délégation (composée de Teresa,
Bernard et des représentants des demandeurs d'asile) a
été reçue et écoutée par M.
Vauzelle. Il nous exprimera son indignation, parlant d'attitude
inhumaine de la part des autorités, et s'est engagé
à contacter à ce sujet le Préfet, le Président
de la République et le Ministre de l'Immigration. Puisse-t-il
trouver les mots et les gestes pour convaincre de la justesse
de ce combat ! Son conseiller à la Région a également
pris notre contact. Nous somme ensuite restés plusieurs
dizaines de minutes devant la permanence, avant de rejoindre le
PECOS, le froid ayant eu raison de nous. Nous remercions chaleureusement
les deux élus qui nous ont remis des dons.
Plus tard dans la soirée, des représentants des
Alternatifs et du NPA nous apporteront des victuailles et un chèque,
biens terrestres mais nécessaires pour nourrir la soixantaine
de résidents toujours sur place. Côté hébergement,
toujours rien de nouveau à proposer aux requérants...
Ceux-ci continuent toutefois leur intégration en apprenant
le français sur ordinateur. A ce propos, nous recherchons
des casques et haut-parleurs pour PC, afin qu'ils puissent profiter
pleinement de leurs leçons.
Samedi 13 : 35° jour de notre
occupation
Ce samedi, Patrick MOTTARD, notre conseiller général,
était porteur, lui aussi d'un nouveau chèque pour
marquer un soutien fidèle depuis le début de notre
mouvement.
La venue d'Edgard MALAUSSENA, maire de Villars sur Var, conseiller
régional sortant et proche du PECOS depuis des années
avait vocation à soutenir Bernadette, responsable du Théâtre
du Village dans ses efforts pour récupérer prochainement
du matériel sur place (climatiseurs, chemin de cables,
projecteurs et ... parquet). L'occasion de lancer un nouvel appel
: on va avoir besoin de tapis, de moquette
ou de lino pour éviter à nos hôtes de dormir
à même le ciment dès mercredi ...
Parmi les soutiens financiers apportés à notre belle
cause partageuse, on signalera tout spécialement celui
du truculent patron de la Dégustation dont la terrasse,
place du Palais de Justice, est régulièrement peuplée
de tout ce que la ville compte de joyeux empêcheurs de tourner
en rond. Merci Serge !
La journée de samedi aura été riche en rencontres
et pauvre en volontaires pour les permanences (inscrivez-vous,
s'il vous plaît ! bonne nouvelle: votre salaire ne sera
pas imposable). Corinne a assuré la matinée
durant laquelle nous tenions la permanence "logement"
juste à côté avec Teresa, laquelle a pris
le relais dès 13h et jusqu'à 23h. Long tunnel de
solitude heureusement jalonné de beaux échanges
avec nos hôtes, de cours de français improvisés
et des haltes joyeuses sur place de plusieurs de nos amis les
bras chargés de présents ( merci Michel pour ces
courses généreuses et Jean pour cette récolte
d'oranges savoureuses). Joie de retrouver Abdel, Françoise
et Melchior venus récupérer les luges de dimanche
dernier et proposer de nouveaux services. Bonheur de saluer Pierre-Alain
venu juste avant son départ pour de nouveaux engagements
en Ardèche où il semble avoir trouvé ce qui
lui convient. Bonne route à lui.
A 23h pétante, le grand vélo jaune et noir de Mathias
faisait son entrée dans les murs suivi de près par
son propriétaire. L'heure de la veille de nuit venait de
sonner. Mathias a une vie de gardien de phare depuis quelques
semaines...
Dimanche 14 :
Les amis, à l'aube du 36° jour, on vous redit
qu'on a besoin de tout le monde pour les veilles de jour comme
de nuit.
On s'est retrouvé une poignée ce week-end à
se relayer. Il n'y a même plus de binômes. Traversées
de jours et de nuits en solitaire ! Nous sommes les Tabarly du
PECOS ! C'est héroïque (un petit peu quand même)
mais ennuyeux.
Nos amis demandeurs d'asile ont besoin de communiquer. Ils ont
soif d'apprendre notre langue. Si vous le pouvez, venez ! C'est
tellement mieux ensemble, ces longs moments d'attente. Au fait,
on a eu une idée (si, si, ça arrive).
On nous dit que le CARNAVAL constitue l'obstacle principal à
l"hébergement hôtelier. OK, alors on passe un
deal avec la Préfecture :
- elle, elle se charge de réserver les hôtels dès
à présent et nous fournit la liste des chambres
attribuées avec les noms des occupants
- et nous, on se charge de faire attendre nos amis jusqu'à
la fin du Carnaval qui coïncide avec la remise des clés
du PECOS
Mais si ça se trouve, il n'y a pas que le Carnaval...
Allez on attend vos appels et on remercie Besma qui est là
ce matin ainsi que Corinne, Denis et Radija qui se sont relayés
hier auprès de nos hôtes.
Mercredi 17
: Le mardi et le vendredi
à 19h30, des réunions sont désormais instituées
sur place. Mardi, on évoqua les menaces qui pesaient sur
l'intégrité matérielle du Théâtre.
Le démantèlement des installations du théâtre
a bel et bien commencé. Plus de chaises, plus de tables.
Un important matériel a été déménagé
hier mais cela n'affecte pas encore l'habitabilité du lieu.
Le parquet est provisoirement maintenu ainsi que le tableau électrique.
Le déménagement se poursuit sous le regard un peu
héberlué de nos amis demandeurs d'asile.
Les permanences ont retrouvé une partie de leurs volontaires
suite à nos appels désespérés. De
nouveaux visages sont apparus : des copines de Grasse, des étudiants
de Nice et des amis de partout sans oublier Gari, le chien de
"Sardine".
Merci à vous de continuer à vous inscrire, si possible
en binômes, sur les 4 créneaux de la journée
et de la nuit (we compris...).
Hubert et Michel A. ont rendu compte de leurs démarches
auprès de tous les partenaires associatifs mobilisables
sur l'enjeu des hébergements et relancé inlassablement
les services de l'Etat. Bonnes rencontres hier avec les amis de
Mir et du Secours Catholique. Et aujourd'hui, présence
à ISN (Inter Secours Nice rassemble chaque mois les acteurs
niçois du "social" : des dizaines d'associations
et services publics de la Ville, du Département et de l'Etat).
L'occasion de mutualiser et de se mobiliser ensemble ? Qui sait
? ...
On s'interrogea encore sur ce Carnaval présenté
comme obstacle (alibi?) à l'accès aux prises en
charge hôtelières. Car, si tel est le cas, pourquoi
les services de l'Etat ne réservent-ils pas des chambres
pour après le Carnaval ? Et cette idée de prospecter
des hébergements à l'ouest du département,
a quoi correspond-elle ? A des résistances locales à
l'accueil des demandeurs d'asile ? Fort heureusement, nous ne
pratiquons pas le procès d'intention...
On passa en revue aussi, lors de la réunion de mardi, les
lieux possibles d'une manifestation publique de notre colère.
Ceci se met en place activement avec à l'esprit une date
: celle du rendu des clés au propriétaire par le
PECOS le 28 février.
Visite de l'ami Bruno DUBOULOZ porteur d'encouragements et d'un
soutien financier. Merci à lui de veiller à nos
côtés. C'est lui aussi qui anime la réunion
d'ISN, évoquée plus haut.
Lundi, nous étions bien embarassés car Madame A.,
demandeuse d'asile malade hébergée dans de mauvaises
conditions chez des proches, le visage ravagé de larmes,
nous a demandé l'hospitalité. Impossible de la lui
refuser mais difficile de lui ménager un accueil digne
dans ces lieux inadaptés. Abdel et Françoise ont
aussitôt assuré comme ils savent si bien le faire.
Madame A. est pour quelques jours chez eux en attendant une prise
en charge hospitalière. Nul doute qu'elle y retrouve la
sérénité dans une ambiance familiale chaleureuse.
Merci aux merveilleux enfants de ces deux parents géniaux
!
Ce matin (jeudi), deux amis soudanais, hébergés
depuis hier à l'association Mir à Sospel, ont demandé
à redescendre au PECOS. Michèle, la responsable,
en était bien désolée tout en constatant
avec nous que ce type de structure n'était pas adapté
au public des demandeurs d'asile. Merci à elle, à
son équipe et aux personnes prises en charge dans ce lieu
de vie pour personnes en difficulté de les avoir si gentiment
reçus hier.
Nous l'avions déjà fait remarquer au sous-préfet
et à la DDCS : les demandeurs d'asile isolés doivent
être hébergés, comme les familles, dans des
lieux ajustés à leur capacité d'autonomie
(hôtels, appartements meublés, résidences
sociales...). C'est pourtant facile à comprendre, non ?!
Suite au démontage progressif du théâtre,
on a besoin de chaises et de tables (du mobilier de jardin empilable
ferait l'affaire). Qui serait ok pour un prêt ? Besoin aussi
d'un aspirateur.
Demain, 40° journée d'une occupation longue comme un
Carême. A demain, donc, pour cette chronique qui va reprendre
son rythme quotidien. Un clin d'oeil affectueux à Méry
et Baptiste venus cette nuit veiller sur les lieux et sur les
bobos d'Ali. Ils reviendront. Bravo et merci à eux d'avoir
suscité des vocations de veilleurs de nuit chez leurs copains.
Amicalement à vous. Bernard, en direct du PECOS.
Dimanche 21
: Nous voici dans la 7°
semaine de vie ensemble au PECOS et on vous rappelle que le 28
février marque la fin de la phase "légale"
de cette occupation ... Nous faisons l'expérience du Désert
des Tartares. Rien ne se passe dans ce temps qui passe à
contempler l'horizon. Rien? En tout cas, rien de concret sur le
front de ce juste combat pour l'hébergement de tous les
réfugiés en demande d'asile. Sans qu'on puisse ici
en dire davantage, disons qu'on s'intéresse, à un
niveau national, à ce que subissent ici les personnes que
nous soutenons. On en saura plus au cours de la semaine et on
vous le partagera.
On va sonder l'hôtellerie locale, histoire de vérifier
sa capacité à accueillir nos ami-e-s après
le Carnaval. Et puis, on se dit que la mutualisation de cet accueil
avec la plupart des communes du département pourrait aussi
être une piste. Alors, un courrier a été rédigé
et est en cours d'envoi vers les élu-e-s concernables par
l'hospitalité républicaine qu'ils-elles pourraient
apporter à un ou plusieurs réfugiés. Un beau
geste qui, répété de villes en villages,
aurait valeur de témoignage. Sur place, on s'applique à
demeurer mobilisés sur le quotidien : les repas à
organiser, les permanences à assurer, les démarches
à opérer, les attentions à avoir pour chacun.
Claudine poursuit son oeuvre pâtissière avec constance.
Les visites d'Odile et Paulo se font toujours plus concrètes
: tenez, la semaine dernière, ils ont récupéré
pour le Théâtre des dizaines et des dizaines de mètres
carrés de moquette monégasque pour parer au démontage
annoncé du parquet. Ce week-end, certains des demandeurs
d'asile ont été invités à prendre
du repos chez des amis azuréens. Claire fut, hier, la vigie
solitaire des lieux de 18 à 23h et c'est Christian qui
la relaya pour la nuit.
Nous avons toujours besoin de remplir (en binôme c'est plus
sympa) les plages de permanence de la semaine qui s'amorce. Contactez-nous
au 06 68 59 81 59 ou sur vie-partages@hotmail.fr.
Rappel à ceux et celles que ceci concerne : réunions
les mardi et vendredi à 19h30 avec traductions simultanées
en russe et en anglais (merci à Goulia et à Teresa).
Bernard, en direct du PECOS.
Mardi 23 :
Oui, les ami-es, il n'y aura pas de sursis
et je vous explique. Aujourd'hui, par le truchement d'un avocat,
le PECOS, qui doit rendre les clés le 28 février,
vient d'apprendre que le propriétaire des lieux, sans doute
inquiet quant à une éventuelle occupation au delà
de la date fixée, était prêt à des
concessions. En gros, voici : le PECOS, en raison de sous-locataires
indélicats, s'est retrouvé en dette vis à
vis de son bailleur (plus de 15 000€). Malgré l'expulsion,
cette somme demeure une créance pour le propriétaire
et une ombre sur l'avenir de cette petite association. Le propriétaire,
lui, a des projets et entend bien ne pas les différer.
Il a donc proposé de renoncer à cette créance
contre l'assurance de récupérer le 28 de ce mois
des locaux vides de tout occupant. Voilà.
Le PECOS nous a ouvert sans hésitation des locaux qui auront
servi d'abri durant 7 semaines. On a bousculé des habitudes
et un plan de travail et on ne dira jamais assez merci à
nos amis Luc, Christophe, les deux Richard, Karine, Valérie
et Laurent pour leur accueil si confiant. Pas question, bien sûr
de les mettre dans l'embarras ! Alors ?
Alors, branle-bas de combat tout à l'heure sur place :
dans l'immédiat, les demandeurs d'asile et les militant-e-s
sont ok pour une rencontre à solliciter à la Préfecture
à la fin de la semaine. On nous y a toujours dit que le
Carnaval constituait le principal obstacle à l'accès
à des hébergements hôteliers. Eh bien, comme
est de bon petit-e-s citoyen-ne-s, on va aider nos services de
l'Etat en leur amenant sur un plateau la liste des chambres trouvées
pour le mois prochain dans des hôtels du coin. Super, non?
Et puis, en même temps, comme on craint que le Carnaval
ne s'arrête jamais, on a quelque chose à vous demander.
On a déjà écrit aux mairies du département
et aux communautés religieuses pour leur demander de faire
ce beau geste d'accueil pour deux ou trois personnes, un geste
qui, répété de villes en villages, de couvents
en hôtelleries monastiques, donnera à nos décideurs
une idée de ce qu'hospitalité veut dire. Nous n'avons
pas encore de réponses et c'est normal.
Mais dans trois quatre jours, les ami-e-s, on fait quoi ? Nous
sommes, à travers nos réseaux, des centaines de
personnes. Qui se sent capable de recevoir l'un ou l'autre de
nos amis si attachants ? On vous le répète : il
s'agit de jeunes gens souriants, disciplinés, organisés,
discrets et serviables. Et pour peu que vous trouviez le chemin
de leur coeur... De plus, ce ne sont pas ce que l'on appelle usuellement
des sans-papiers : ils sont en attente d'une réponse à
leur demande d'asile, et bénéficient donc d'ici
là d'un statut légal pour résider sur notre
territoire.On ne nous laisse pas d'autre choix, une fois encore,
de faire ce qui revient à d'autres (songez que, durant
ces presque deux mois d'occupation, aucune nouvelle n'a été
officiellement demandée, aucun signe donné d'un
début de solidarité par certains opérateurs
en charge des demandeurs d'asile dans ce département !...).
Est-ce que nous continuons ? On doit vous le dire : à l'heure
qu'il est, et pour quelques temps encore, l'hospitalité
citoyenne est la seule solution.
Avec inquiétude, avec espoir et avec à l'esprit
le désarroi palpable de nos amis réfugiés,
on s'en remet à nous tous qui avons été capables
de grandes et belles mobilisations auprès de l'étranger
maltraité. Merci de nous appeler. Vraiment !
Dès lundi, déchargé des tâches quotidiennes
d'accueil qui ont mobilisé des dizaines d'entre nous durant
7 semaines, on se concentrera sur la suite du combat, ses traductions
militantes, ses soutiens politiques, ses perspectives judiciaires.
Bien fraternellement et ... dans l'attente de votre appel secourable.
Est-ce que vous pouvez, spécialement aujourd'hui, faire
passer ce message autour de vos réseaux, communautés
ami-e-s, familles ? Bernard 06 68 59 81 59
Vendredi 26
: Manifestation ce matin
à la Préfecture. Réception d'une délégation.
du PECOS rejointe par l'ami Gérard VINCENT du Secours Catholique.
Attente des manifestants derrière leur banderole. Sortie
de la délégation.
Et enfin, enfin les ami-e-s, l'annonce qu'on n'attendait plus
: 300 000€ ont été débloqués
pour héberger les demandeurs d'asile isolés dans
le 06.
Retour en vitesse au PECOS, contacts avec les hôtels, emballement
de la machine à héberger et voici, ce soir, que
40 de nos hôtes dorment à l'hôtel au moment
où je vous écris. On n'en revient pas. Cela a été
si long, si lent puis tout à coup...
Lundi , les opérations se poursuivent et on pourra rendre
les clés au PECOS qui à son tour pourra les remettre
au propriétaire des lieux. Qu'on se comprenne bien : les
quelques demandeurs d'asile hébergés encore au PECOS
mais ausssi ceux et celles qui se trouvent sans toit sont concernés.
Fièvre des départs, émotion et soulagement
ont habité les locaux jusque tard dans la soirée.
Tina, Hubert et Michel ont assuré comme des chefs la répartition
des uns et des autres dans les chambres. On avait un peu de mal
à se quitter tout à l'heure avec eux trois auxquels
s'étaient joints Teresa, Radija, Manu, Denis et Laura.
Au téléphone : Annie et Aloys qui savent combien
il nous est bon de partager aussi les joies avec eux.
Voilà, c'est bien calme, ce soir sur place et on ne va
pas s'en plaindre . Comme tous les veilleurs de nuit depuis 7
semaines , je vais déployer ma paillasse sur le sol improbable
d'un bureau qui aura servi à tout et songer à chacun
de vous, si nombreux, si présents, si efficaces, si fraternels.
On l'a fait ensemble !
Samedi et dimanche, il n'y aura pas de nouveaux hébergements.
On continue les permanences comme avant pour ceux et celles qui
restent dans l'attente d'une solution mais aussi, on range, on
fait le ménage. Besoin de bras et petites mains pour tout
cela. On peut encore vous demander ça ? Et puis ce sera
bien de se retrouver sans le poids des soucis portés depuis
ces longs mois. A tout à l'heure...
Du fond du coeur, bravo et merci à vous ! Bernard, en direct
du PECOS.
Dimanche 28
: Après les 40 hébergements de vendredi,
pause du week-end pour ranger, nettoyer, démonter le plancher
du théâtre. Merci à Corinne, Geneviève,
Méry, Lucille, Alice, Claire, Luc, Ricardo et aux réfugiés
sur place, Magomed, Giliani, Alexandre, de nous avoir rejoints
pour cela.
Soirée avec Teresa, Guy, Mathias et Michel : on veille
jusqu'au bout de la nuit avant de se retirer demain définitivement.
On va travailler à la mise en oeuvre des hébergements
de ceux qui demeurent encore au PECOS (une douzaine de personnes).
Il y en a là deux ou trois qui n'auront pas accès
à l'hôtel en raison du fait que leur demande d'asile
en France ne peut être examinée. Parmi elles, une
maman et sa petite fille de 8 ans, russes d'Abkhazie (frontière
géorgienne). Ces personnes sont terrorisées par
ce qui va leur arriver demain. Comment leur venir en aide ? Nous
sommes bien démunis devant leur situation de sans droits.
On vous confie cela à vous tous et vous toutes... Et puis,
bien sûr, il y a les autres demandeur-se-s d'asile non présents
au PECOS mais sans hébergement stable. Cela va être
leur tour d'accéder à un toit et il nous faudra
veiller à ce que personne ne soit exclu. Demain soir :
compte-rendu des hébergements obtenus. Il nous faudra ensuite
informer largement, au niveau national.
Espérons une extension du domaine de la lutte à
toutes les villes de France où se pose la question que
nous avons posée ici avec succès !
Fin d'une chronique qui aura tenté de vous informer sans
vous ennuyer et de nourrir votre fidélité à
ce juste engagement auprès d'exilés à la
dérive sur un parking et des lits de fortune. Bonsoir à
vous et bien fraternellement. Bernard, en direct du PECOS.
Lundi 1er
mars : On est évidemment heureux pour la bonne quarantaine
de nos amis réfugiés hébergés vendredi
dernier. Et pourtant, qui aurait pu croire, un seul instant, que
l'annonce d'une somme de 300 000€ (bien en deça des
besoins) allait calmer notre vigilance ?
Ce lundi : rien ! rien de rien ! Une quinzaine des occupants du
PECOS ont attendu sur le trottoir que la Préfecture donne
un signe. On leur avait promis des hébergement hôteliers
pour aujourd'hui.
Rien, rien de rien ! Le Carnaval est terminé ? Pas pour
tout le monde, dirait-on ! Notre ami Hubert l'a rappelé
sèchement au sous-préfet Fasille.
Las, ce soir, les clés de" leur maison" sont
entre les mains d'une quinzaine de demandeurs d'asile abusés.
A ces 15 là, s'ajouteront peu à peu ceux et celles
qui vivent , dans le diffus de la ville, l'absence d'un hébergement
digne.
Le théâtre a, aujourd'hui, été privé
de toute alimentation électrique après avoir été
débarassé hier de son parquet (nul autre théâtre,
cependant, à éclairer ou à couvrir d'un plancher.
Juste des comptes à régler...sur le dos d'exilés).
Nos amis se sont, dès lors, repliés sur la partie
'bureaux' du PECOS. Nous les soutiendrons jusqu'au bout comme
nous soutiendrons, où qu'ils se trouvent, la bonne cinquantaine
de demandeurs d'asile sans toit dans cette ville.
Le croirez-vous ? La DDCS (ex DDASS), jointe ce soir, nous a indiqué
que le suivi de ces personnes (qui est quand même du ressort
de la plate-forme des demandeurs d'asile) allait nécessiter
un "soutien" de notre part. C'est la dernière
info de ce message nocturne : des citoyen-nes sont appelé-e-s
à l'aide ! Puisse, la très professionnelle plate-forme,
ne pas en prendre ombrage, conserver son humour et revendiquer
courageusement les moyens nécessaires à l'accompagnement
des demandeurs d'asile que son association a fait le choix d'accompagner
!
Continuons de rendre visite à nos amis au PECOS. Plus que
jamais ! Bien cordialement, Bernard NEUVILLE.
Mercredi 3
mars : 61 c'est bien mais pas assez !!!!!! 61, c'est le
nombre de demandeurs d'asile accueillis au PECOS qui ont trouvé
un hébergement depuis le 9 janvier. 7 dans les premiers
jours puis plus rien, puis 45 vendredi dernier, rien lundi, puis
9 mardi. Rien aujourd'hui !
Demain, il faudrait normalement en finir avec l'occupation du
PECOS (toujours d'actualité, les ami-e-s, et il nous faut
être jusqu'au bout auprès de nos amis !). Une dizaine
de personnes sont encore sur place en possession des clés.
Celles-ci doivent être rendues en début d'après-midi.
Ceci sera-t-il possible ? On fait tout pour ça. On nous
promet pour demain 10h un échange fécond du côté
de la ddcs (ex ddass)...
Quoiqu'il en soit, l'occupation se poursuivra, je le crains, jusqu'au
départ du dernier de nos hôtes éligible à
un hébergement hôtelier.
Et puis, on pense très fort aux dizaines d'autres et, parmi
eux, aux malades et invalides en demande d'asile toujours dehors.
J'en ai reçu un, bien mal en point, ce soir, qui a trouvé
refuge dans une voiture. L'occupation victorieuse du PECOS doit
désormais servir aux autres.
Sinon, nous n'aurions fait que du caritatif, n'est ce pas ?
Jeudi décisif, donc, où le PECOS doit être
rendu libre de ses occupants et les autres rapidement pris en
charge !
Bien cordialement à vous.
Bernard
Courriers des
élus du département
9 janvier :
Association
Départementale Élus Communistes et Républicains
14 janvier : Marc
Daunis Sénateur Maire de Valbonne Parti Socialiste
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